Communiqué de presse

Brésil : 20 ans après le massacre de Candelária, la police « a toujours du sang sur les mains »

Chaque année, la police brésilienne est responsable d’environ 2 000 décès, a indiqué Amnesty International mercredi 24 juillet, à l’occasion du 20e anniversaire du massacre tristement célèbre de l’église de Candelária, à Rio de Janeiro.

« Notre police a toujours du sang sur les mains et peut agir en toute impunité, les exécutions extrajudiciaires demeurent monnaie courante dans les grandes villes brésiliennes », a déclaré Atila Roque, directeur d’Amnesty International Brésil.

Dans la nuit du 23 juillet 1993, un groupe d’hommes encagoulés a ouvert le feu sur une cinquantaine d’enfants des rues qui dormaient sur les marches de l’église de Candelária, à Rio de Janeiro. Huit garçons et filles ont trouvé la mort.

Quatre sont décédés sur les lieux, un autre a été abattu alors qu’il tentait de s’enfuir, deux ont été poussés dans une voiture puis exécutés et une fille a succombé à ses blessures quelques jours plus tard. Deux des victimes avaient 18 ans ou plus mais les six autres étaient des enfants.

Une courte enquête a révélé que les membres du groupe armé appartenaient en majorité à la police militaire. Trois d’entre eux ont été condamnés à des peines d’emprisonnement pour leur rôle dans ces homicides ; ils ont été libérés depuis. Six autres suspects ont été totalement disculpés, en dépit des éléments prouvant leur implication.

Un mois après celui de l’église de Candelária, un autre massacre effroyable a été perpétré par un escadron de la mort composé de policiers. Il a fait 21 morts parmi les habitants de la favela de Vigário Geral, à Rio de Janeiro. Alors que 33 policiers ont été inculpés, seuls six ont été déclarés coupables d’avoir joué un rôle dans les homicides.

« Ces anniversaires sont importants en ceci qu’ils nous rappellent combien il est nécessaire d’œuvrer pour que justice soit faite lorsque des violences ont été commises, comme à l’église de Candelária et à Vigário Geral, mais ils sont aussi l’occasion de tenter de mettre fin aux milliers d’exécutions extrajudiciaires qui ont encore lieu année après année », a ajouté Atila Roque.

Selon les Nations unies, entre 2003 et 2009, la police de Rio de Janeiro et celle de São Paulo ont été impliquées dans au moins 11 000 homicides commis prétendument à la suite d’actes « de rébellion » – les policiers ont affirmé avoir abattu les victimes après qu’elles ont ouvert le feu sur eux mais les éléments de preuve indiquent qu’il s’agissait souvent d’exécutions illégales.

Outre les massacres de Candelária et de Vigário Geral, la police s’est livrée à une série d’exécutions extrajudiciaires marquantes dans les villes du pays, faisant dans certains cas plus de 20 victimes à la fois.

« Les violences persistantes de la police brésilienne à l’égard de la population urbaine – les jeunes, les pauvres et les Noirs étant pris pour cible de façon disproportionnée – soulignent combien il est urgent de mener sans délai des enquêtes impartiales et indépendantes sur ces affaires et de veiller à ce que les responsables présumés soient jugés équitablement par des tribunaux civils », a conclu Atila Roque.

« Sans cela, l’impunité entraînera des violences policières toujours plus nombreuses et l’apparition d’un cercle vicieux qui aura des répercussions sur la vie quotidienne et la sécurité de milliers de citoyens. »

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