BRÉSIL : Un vote pour les droits humains ?

Index AI : AMR 19/023/02

" La prochaine élection présidentielle brésilienne offre aux candidats une occasion unique d’ancrer fermement les droits humains au cœur de leur programme politique, ainsi que de définir et d’appliquer des dispositions on ne peut plus nécessaires pour remédier à la situation critique qui prévaut dans le pays sur le plan des droits humains ", a déclaré ce jour (lundi 16 septembre 2002) Amnesty International.

Une délégation de l’organisation séjournera au Brésil du 16 au 27 septembre, avant l’élection prévue en octobre, pour s’entretenir avec les candidats à la présidence des mesures qu’ils comptent prendre pour promouvoir et protéger les droits fondamentaux de tous les Brésiliens. Les délégués se rendront ensuite dans l’État de l’Espírito Santo, où les défenseurs des droits humains sont toujours en grand danger dans un contexte de violations des droits fondamentaux, de corruption et de crime organisé.

" Enrayer la hausse de la criminalité dans les villes figure au premier rang des priorités affichées par les candidats dans leur programme ", a relevé Amnesty International, en reconnaissant la nécessité de prendre des mesures pour remédier à la crise de plus en plus aiguë que connaît le pays en matière de sécurité publique.

" Néanmoins, en l’absence de garanties claires en matière de droits humains, il est à craindre que la "guerre contre le crime" ne revienne à accorder un chèque en blanc aux forces de sécurité, leur permettant de continuer à mettre en œuvre des méthodes policières répressives qui débouchent sur des violations généralisées des droits humains ", a ajouté Amnesty International.

Ces dernières années, l’organisation a continué à recueillir des informations indiquant que la torture était pratiquée de manière généralisée et systématique pour extorquer des " aveux " à des suspects dans le cadre d’enquêtes judiciaires, ainsi que pour contrôler, sanctionner et humilier des détenus au sein d’un système pénitentiaire brésilien atteint de surpopulation au dernier degré.

Soumis à des pressions croissantes étant donné les attentes très fortes de la population en matière de sécurité, de plus en plus de membres des forces de police brésiliennes s’arrogent le droit de faire justice eux-mêmes, et les homicides par balle commis illégalement par les forces de l’ordre se multiplient de manière alarmante.

" Les victimes de ces violences policières appartiennent pour la plupart aux groupes les plus vulnérables et les plus marginalisés de la société brésilienne, qui se trouvent de fait pris au piège dans un no man’s land entre la violence du crime organisé et celle dont fait preuve l’État dans sa lutte contre le crime ", a fait observer Amnesty International.

L’organisation a souligné que la hausse persistante des taux de criminalité prouvait que les méthodes brutales de maintien de l’ordre appliquées au Brésil n’étaient pas la solution, et qu’elles ne faisaient au contraire qu’entretenir le cycle de la violence, des atteintes aux droits humains et de l’insécurité, aggravant les difficultés de la société brésilienne.

En outre, les arguments utilisés par de nombreux responsables politiques et autres personnalités à propos de la criminalité et de la violence urbaine ont encore réduit l’espace déjà limité réservé au débat public sur les questions relatives aux droits humains. Le respect de ces droits a été abusivement présenté comme un obstacle à la sécurité publique, alors qu’il contribue à la renforcer.

Ceux qui s’emploient à dénoncer la violence et l’impunité qui prévalent dans le pays et à mener campagne contre ces fléaux sont souvent accusés d’être des " défenseurs de criminels ". Dans tout le Brésil, des avocats, des journalistes, des personnes militant en faveur du droit à la terre, des dirigeants indigènes, ou des témoins ayant le courage de parler malgré les menaces qui pèsent sur eux, sont de plus en plus fréquemment victimes d’actes d’intimidation, de manœuvres de harcèlement et d’agressions en raison de leur action en faveur des droits humains.

" Tous les candidats à la présidence doivent s’engager publiquement à laisser ouvert un espace de débat sur les droits humains, et à faire de leur protection une priorité, a déclaré Amnesty International. Cela suppose qu’ils reconnaissent la légitimité du travail accompli par les défenseurs des droits humains, qui a été considérablement remis en cause dans le climat actuel de peur et de défiance concernant les questions de sécurité publique. "

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