COMMUNIQUÉ DE PRESSE

La Bulgarie doit s’attaquer aux violences xénophobes et racistes, après sept agressions en un mois

Les autorités bulgares doivent clairement indiquer qu’elles prendront toutes les mesures requises pour juguler le nombre croissant d’agressions de réfugiés et de migrants dans les rues de Sofia, la capitale, a déclaré Amnesty International.

Cet appel a été lancé après que deux Syriens âgés d’une vingtaine et d’une trentaine d’années aient été blessés lors d’une agression violente dans le quartier de l’usine de sucre de Sofia, dans la nuit de dimanche 1er décembre. Un troisième homme également visé par cette attaque s’en est sorti indemne. C’est la septième agression de ce type dans les rues de la ville depuis le début du mois de novembre 2013.

« Jusqu’à présent, au lieu d’enquêter et de traduire en justice les responsables présumés de ces actes violents, les autorités bulgares ont cherché à minimiser ces derniers en les qualifiant d’agressions et de crimes ordinaires. La Bulgarie est tenue, aux termes du droit international, d’enquêter de manière rigoureuse sur la possibilité que ces crimes aient été motivés par la haine. Les crimes de haine sont un affront à la dignité humaine », a souligné Jezerca Tigani, directrice adjointe du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International.

« Les autorités bulgares doivent clairement et publiquement signaler que les violences xénophobes et racistes ne seront pas tolérées. Les réfugiés et les migrants doivent être protégés d’éventuels actes de harcèlement et violences supplémentaires. »

La dernière agression en date a eu lieu dimanche 1er décembre vers 23 heures dans le quartier de l’usine de sucre à Sofia. Les deux victimes ont été blessées. Un Syrien de 27 ans a le nez cassé, tandis qu’un de ses compatriotes, âgé de 35 ans, présente de nombreuses coupures à la tête.

Le ministre bulgare de l’Intérieur a indiqué qu’environ huit personnes non armées étaient responsables de l’agression, mais des témoins affirment que leur nombre était plus proche de 25 et qu’ils portaient des coups-de-poings américains et des couteaux. La police n’a, semble-t-il, pas écarté la possibilité que cette agression ait été motivée par la haine.

Le droit bulgare prévoit que des infractions puissent être qualifiées de crimes de haine et donner lieu à des poursuites en tant que telles si elles impliquent des actes violents ou si l’agression est perpétrée par un groupe.

Ce qui s’est passé dimanche 1er décembre fait suite à six autres agressions ayant visé des réfugiés et des migrants dans la capitale ces dernières semaines.

Le 9 novembre, c’est un Bulgare d’origine turque nommé Metin qui a été agressé ; il se trouve dans le coma depuis lors.

Certaines des victimes de ces attaques récentes sont des adolescents. Le 4 novembre, Ali, un Syrien de 17 ans, a été agressé près du centre d’accueil pour demandeurs d’asile de Voenna Rampa, et un Malien de 18 ans a été frappé et poignardé le 10 novembre.

Ces agressions ont semé la terreur au sein de la communauté des réfugiés et des migrants à Sofia, qui ont par ailleurs signalé une multiplication des manœuvres de harcèlement et d’intimidation lors des patrouilles de miliciens sur le boulevard Pirozka et dans d’autres rues de la ville.

La persistance de ces menaces et agressions montrent que les autorités de Sofia, notamment la police, ne prennent pas les mesures qui s’imposent pour les prévenir.

« La manière dont les autorités traitent la situation est inquiétante. Elles essaient de faire passer les agressions actuelles visant des étrangers pour tout sauf des crimes de haine. Cependant, les faits attestent qu’il s’agit bien de crimes de haine et qu’ils devraient donner lieu à des enquêtes en tant que tels », a déploré Borislav Dimitrov, coordonnateur des Amis des réfugiés, un groupe local offrant soutien et assistance aux réfugiés et migrants.

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