Il faut que la garde présidentielle du Burkina Faso cesse d’avoir recours à la force meurtrière, aux coups et à toute autre forme de violence pour réprimer les manifestations et qu’elle libère les membres du gouvernement de transition qui sont détenus arbitrairement, a déclaré Amnesty International en apprenant que des manifestants avaient été frappés et avaient essuyé des tirs à la suite du coup d’État du 17 septembre.
Des manifestations de grande ampleur s’annoncent en réaction à la dissolution du gouvernement de transition et les membres du régiment de sécurité présidentielle (RSP) doivent s’abstenir d’avoir recours une nouvelle fois à une force excessive contre des manifestants pacifiques. En octobre 2014, plus de 10 personnes avaient été tuées et des centaines avaient été blessées lorsque les forces de sécurité, dont le RSP, avaient ouvert le feu sur la foule sans arme.
Plusieurs hôpitaux de Ouagadougou ont déjà admis des civils présentant des blessures par balle. Des décès ont été signalés. Des délégués d’Amnesty International se sont entretenus avec un témoin ayant vu le corps d’une personne tuée par balle.
« La situation au Burkina Faso est extrêmement préoccupante. Le président par intérim et toutes les autres personnes détenues doivent être libérés sans délai et leur intégrité physique doit être protégée », a déclaré Gaetan Mootoo, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.
« Les forces de sécurité doivent respecter le droit de manifester pacifiquement et prendre les mesures nécessaires pour éviter qu’il y ait davantage de morts et de blessés. »
Amnesty International appelle l’armée à libérer immédiatement et sans condition les membres du gouvernement de transition qui ont été arrêtés et placés en détention arbitrairement, y compris le président par intérim Michel Kafando et le Premier ministre Isaac Zida, ainsi qu’à permettre la réouverture des stations de radio fermées.
La détention de membres de l’appareil exécutif et l’annonce par le RSP que le gouvernement de transition était dissous ont déclenché des manifestations à Ouagadougou, la capitale, et dans d’autres villes du pays, notamment à Bobo Dioulasso.
Des stations de radio, aussi bien nationales que privées comme Oméga, ne sont plus autorisées à émettre. Des journalistes ont vu leur matériel confisqué ; certains ont même été menacés et frappés par des membres du RSP. Par ailleurs, la garde présidentielle effectue des tirs de sommation pour disperser la foule dans les artères principales et patrouille dans la capitale. Un couvre-feu a été instauré et les frontières ont été fermées.
« Il n’y a aucune raison d’empêcher des stations de radio d’émettre ou d’intimider des journalistes », a déclaré Gaetan Mootoo.
« La liberté d’expression doit être protégée. Des mesures doivent être prises de toute urgence afin que les médias puissent faire leur travail librement et sans restriction, et que le droit à l’information soit respecté. »
Complément d’information
Le récent coup d’État a eu lieu deux jours seulement après que la Commission de réconciliation nationale et des réformes (CRNR) a recommandé de démanteler le RSP à la suite des allégations selon lesquelles il aurait ouvert le feu sur des manifestants sans arme lors des manifestations antigouvernementales de l’an dernier.
En janvier, Amnesty International avait publié un