BURUNDI : Les donateurs doivent financer la protection des droits humains

Index AI : AFR 16/004/2004

ÉFAI

Lundi 12 janvier 2004

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Amnesty International appelle les États participant à la conférence des donateurs pour le Burundi les 13 et 14 janvier 2004 à veiller à ce que la promotion et la protection des droits humains bénéficient de moyens financiers suffisants.

L’organisation a rendu publics ce lundi 12 janvier deux documents intitulés Burundi. Une période critique et Burundi. Les droits humains doivent être une préoccupation essentielle. Appel adressé par Amnesty International à la Conférence internationale des donateurs pour le Burundi. Ces documents définissent un programme pour les droits humains à l’intention du gouvernement burundais et des donateurs internationaux participant à l’effort de paix et de reconstruction du pays, tout en fournissant des informations actualisées sur les problèmes graves qui doivent être résolus dans le domaine des droits humains.

Amnesty International a observé que, malgré des changements politiques positifs, la situation d’un grand nombre de Burundais n’avait pas évolué et qu’ils restaient soumis à un cycle apparemment sans fin de violence, d’atteintes aux droits humains, de pauvreté et d’humiliation. Alors que la prolifération des armes légères avait entraîné dans ce pays de nombreuses exactions et une aggravation de la criminalité, une augmentation spectaculaire des vols à main armée en 2003 a, dans certaines provinces, accéléré encore la distribution des armes parmi la population civile ; en effet, sous l’impulsion des autorités, les effectifs des Gardiens de la Paix, milice gouvernementale mal entraînée, sans solde, mais armée, ont été renforcés. Amnesty International craint que cette tendance n’alimente encore la violence et les atteintes aux droits humains.

L’assassinat le 29 décembre 2003 du nonce apostolique au Burundi, Mgr Michael Courtney, a illustré une fois de plus les conditions de sécurité précaires et le peu de valeur généralement accordé à la vie humaine dans ce pays.

Les témoignages de certaines personnes que les chercheurs d’Amnesty International ont rencontrées au Burundi en septembre 2003 ont mis eux aussi en lumière les traumatismes que subit la population burundaise après dix ans de guerre et des décennies d’exactions massives.

Amélie, par exemple, une veuve âgée de trente ans, s’est exprimée en ces termes : « J’allais chercher de l’eau avec trois enfants lorsqu’un soldat nous a empêchés d’aller plus loin. Les enfants sont parvenus à s’enfuir, mais moi, je suis tombée et le soldat m’a attrapée. Il m’a emmenée dans une église que lui et ses compagnons avaient convertie en une sorte de bar, avec de l’alcool et de la nourriture partout. Il m’a violée dans l’église, puis il m’a dit que je serai bénie, car cet endroit était saint […] Un autre a refusé de me violer. Le premier soldat a tenté ensuite de m’enfoncer une bouteille de bière. J’ai commencé à saigner et à hurler. Ils m’ont alors couverte d’un manteau militaire et laissée pour morte à l’extérieur de l’église. Je suis parvenue à rentrer chez moi. Je perdais beaucoup de sang. Des femmes sont finalement venues à mon aide. »

Pour Amnesty International, il faut que « le gouvernement du Burundi [soit] le principal garant de la sécurité et des droits humains de ses citoyens, mais il a besoin du soutien politique et financier de la communauté internationale pour assurer en priorité la protection et la promotion de ces droits dans tout le pays ».

Partant du principe selon lequel « la paix ne peut être obtenue si les atteintes aux droits humains ne sont pas résolues, et qu’elle ne peut être maintenue sans un investissement financier adéquat », l’organisation engage les donateurs à tenir compte de la question des droits humains au moment de prendre leur décision. Les donateurs doivent obtenir du gouvernement burundais la garantie que des enquêtes seront ouvertes sur les graves exactions évoquées plus haut, et que les personnes soupçonnées d’être responsables de ces agissements seront traduites en justice.

Les initiatives de la communauté internationale ne déboucheront sur des solutions politiques viables que si les problèmes de droits humains sont pris en compte à chaque étape du processus.

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