Cambodge. Ceux qui ont servi de boucs émissaires pour le meurtre de Chea Vichea doivent être remis en liberté


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ASA 23/009/2006

Le gouvernement cambodgien doit immédiatement ouvrir une nouvelle enquête indépendante sur le meurtre du syndicaliste Chea Vichea, a déclaré Amnesty International, un an après l’inculpation et la condamnation à une peine de vingt ans d’emprisonnement de deux hommes accusés à tort d’être les auteurs du meurtre.

« Ceux qui ont tué Chea Vichea courent toujours et justice n’a toujours pas été rendue à sa famille, a déclaré Brittis Edman, responsable de recherche pour l ‘Asie du Sud-Est à Amnesty International.

« Cette affaire a des relents d’injustice et montre comment le cycle de l’impunité se perpétue au Cambodge à travers le système judiciaire. »

Chea Vichea, syndicaliste et militant des droits humains, a été assassiné en janvier 2004. Born Samnang et Sok Sam Oeun ont été déclarés coupables du meurtre le 1er août 2005, à l’issue d’une enquête entachée d’irrégularités à tous les niveaux et d’un procès contraire aux règles d’équité les plus élémentaires.

Le tribunal de Pnomh Penh a condamné les deux hommes sur la base d’aveux faits par Born Samnang, lequel s’était ensuite rétracté, affirmant que les policiers lui avaient extorqué des aveux sous la torture.

En dehors de ces aveux forcés, aucun élément de preuve liant les deux hommes au meurtre n’avait été présenté au procès. Born Samnang avait un alibi, le situant à une soixantaine de kilomètres de la scène du crime. Des témoins ont été victimes d’actes d’intimidation de la part de policiers et un juge qui avait classé l’affaire sans suites par manque de preuves a été démis de son poste.

« Born Samnang et Sok Sam Oeun devraient être remis en liberté sans délai et une nouvelle enquête impartiale, indépendante et effective devrait être menée », a déclaré Brittis Edman.

Les deux hommes ont fait appel du jugement mais la Cour d’appel n’a pas encore statué sur leur cas. Amnesty International demande qu’une enquête soit ouverte sur les irrégularités de procédure dans les procès de Born et de Sok.

Parmi plusieurs centaines d’affaires d’homicides politiques au Cambodge ces dix dernières années, l’affaire Chea Vichea n’a toujours pas été résolue parce que la justice n’a pas été en mesure de trouver les auteurs. Amnesty International s’inquiète de la faiblesse des tribunaux cambodgiens, de leur manque d’indépendance et des pressions politiques auxquels ils sont soumis.

Voir (en anglais) :
Cambodia : The murder of trade unionist Chea Vichea : Still No justice (index AI : ASA 23/008/2006

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