Communiqué de presse

Cambodge. Il faut cesser de recourir à une force excessive contre les militants pacifiques pour le droit à la terre

Les autorités cambodgiennes doivent cesser de recourir à une force excessive contre les militants pacifiques pour le droit à la terre et le droit au logement, a déclaré Amnesty International jeudi 2 février, après que la police a violemment dispersé un groupe d’environ 150 femmes qui protestaient contre des expulsions forcées dans la capitale Phnom Penh.

Mercredi 1er février, les policiers ont en effet frappé et arrêté plusieurs femmes qui protestaient pacifiquement contre les expulsions forcées qui ont touché le mois dernier le quartier de Borei Keila et contre la situation aux abords du lac Boeung Kak, dans la capitale.

« Dans tout le Cambodge, des habitants opposent une résistance pacifique aux expulsions forcées et passent à l’action pour faire valoir leurs droits, a indiqué Donna Guest, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« Les autorités cambodgiennes doivent cesser de recourir à une force excessive contre ces communautés et traduire en justice les responsables présumés de ces violences. »

Les événements du 1er février font suite à des faits graves ailleurs dans le pays : des militants œuvrant pour les droits fonciers auraient été blessés ou abattus dans la province de Kratie, dans l’est du pays, par des membres du personnel militaire travaillant pour une société privée, et dans la province de Battambang, dans l’ouest, par la police militaire.

Le 1er février, à Phnom Penh, plusieurs manifestantes étaient à moitié nues ; elles s’étaient semble-t-il dévêtues dans un acte de désespoir. Les policiers auraient empoigné et frappé les manifestantes, y compris des femmes âgées, et les auraient projetées à terre, avant de jeter six femmes dans un fourgon de police et de les retenir jusqu’au lendemain dans un poste de Phnom Penh.

Ces six femmes étaient Seng Kunthea, Seng Rany, Tom Sakmony, Nen Sarith et Ath Samnang, habitantes de Borei Keila, ainsi que Srang Srey Tuch, ancienne habitante du lac de Boeung Kak.

Au moins deux d’entre elles ont été blessées au cours de leur arrestation et n’auraient pas reçu de soins médicaux. Aucune n’a été autorisée à consulter un avocat.

Quatre des habitantes de Borei Keila placées en détention avaient déjà été détenues au Centre des affaires sociales de Prey Speu, après avoir protesté sans violence le mois dernier contre les expulsions forcées à Borei Keila.

Les six femmes ont été maintenues en détention toute la nuit, avant d’être libérées sans inculpation jeudi 2 février. Les autorités de Phnom Penh ont accepté de discuter des conflits avec les représentants des deux communautés.

Les femmes de Borei Keila souhaitent obtenir des réparations pour leurs biens détruits et appellent les autorités à répondre à leurs besoins en termes de logement, après que plus de 300 familles ont été expulsées d’un site de réaménagement le 3 janvier. Le promoteur, Phan Imex, n’a pas tenu sa promesse de leur construire des logements sur place.

En outre, sept personnes arrêtées lors de l’expulsion de Borei Keila sont toujours en détention.

Les habitants des rives du lac Boeung Kak demandent aux autorités de tenir la promesse faite par le Premier ministre en août 2011, d’accorder des titres de propriété aux familles encore sur place et de leur permettre de construire des logements aux abords du lac.

Elles demandent également aux autorités de prendre des mesures afin de remédier aux inondations causées par le comblement du lac par l’entreprise. Les anciens habitants demandent des réparations supplémentaires pour avoir été contraints de quitter leurs logements et de se reloger ailleurs.

En début de semaine, le Premier ministre cambodgien Hun Sen a dénoncé le recours à la violence dans les affaires de conflits fonciers.

« Le gouvernement cambodgien dit une chose, tandis que les autorités locales en font une autre. Le recours excessif à la force par la police le 1er février à Phnom Penh contredit l’appel du Premier ministre en faveur d’une résolution pacifique des conflits fonciers, a estimé Donna Guest.

« Au lieu de chercher à réduire au silence ces personnes en usant d’intimidation et de violence, les autorités de Phnom Penh doivent les écouter. Ces communautés ont droit à une solution rapide et conforme aux obligations juridiques internationales qui exigent que le Cambodge fournisse des logements convenables. »

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