Le Cambodia Daily a été contraint de fermer le 4 septembre car il n’avait pas respecté la date limite pour s’acquitter des impôts d’un montant de plusieurs millions de dollars que lui a réclamés le gouvernement en août. Fondé en 1993, ce quotidien était l’un des rares médias du pays à ne pas être contrôlé par le gouvernement.
« C’est un jour sombre pour la liberté d’expression au Cambodge. Il est consternant de constater la rapidité et le peu de scrupules dont ont fait preuve les autorités pour fermer l’une des rares voix indépendantes au Cambodge, a déclaré James Gomez, directeur pour l’Asie du Sud-Est et le Pacifique à Amnesty International.
« Les impôts réclamés au Cambodia Daily étaient toujours arbitraires et les autorités ont refusé d’engager un dialogue avec ses éditeurs pour trouver une solution grâce à la discussion et à un audit transparent. C’est un exemple frappant de la manière dont le gouvernement et le Premier ministre Hun Sen s’y prennent pour réduire au silence une source de critique et d’information objective. »
La fermeture du quotidien s’inscrit dans le cadre d’un durcissement de la répression contre toutes les formes de dissidence, à l’approche des élections générales de 2018.
Au cours des dernières semaines, les autorités ont contraint des radios diffusant des programmes de Radio Free Asia ou de Voice of America à cesser d’émettre. Elles ont brusquement interdit les activités au Cambodge de l’ONG américaine National Democratic Institute (NDI) et expulsé certains de ses employés, au titre de la Loi sur les associations et les organisations non gouvernementales (LANGO). L’ONG a été sanctionnée parce qu’elle poursuivait ses activités dans l’attente d’une réponse quant à sa demande d’enregistrement, en cours depuis 2016.
Le 3 septembre au matin, la police a interpellé Kem Sokha, leader du parti de l’opposition Parti du sauvetage national du Cambodge, et l’a accusé de « complot avec une puissance étrangère », infraction passible de 30 ans de prison.
« L’arrestation de Kem Sokha montre clairement que les autorités cambodgiennes ont la main mise sur le système judiciaire pénal et s’en servent à des fins de répression, en vue d’éliminer l’opposition avant les élections de l’an prochain. L’accusation portée à son encontre est fantaisiste et désespérée. Il doit être libéré immédiatement et sans condition, a déclaré James Gomez.
« La campagne coordonnée de répression visant l’opposition et les médias monte d’un cran. Il est temps que la communauté internationale se manifeste et fasse pression sur Hun Sen et son gouvernement pour qu’ils mettent fin à cette dangereuse spirale et fassent respecter les droits fondamentaux. »