Communiqué de presse

Cambodge. Il faut libérer un journaliste condamné à 20 ans de réclusion

Les autorités cambodgiennes doivent libérer Mam Sonando, critique du gouvernement et prisonnier d’opinion, a déclaré Amnesty International avant l’ouverture du procès en appel de cet homme le 5 mars à Phnom Penh, la capitale.

Mam Sonando, 71 ans, a été condamné à 20 ans de réclusion le 1er octobre 2012. Il avait été déclaré coupable d’infractions ayant porté atteinte à l’État, notamment d’avoir été l’instigateur d’une « insurrection ».

« La condamnation de Mam Sonando à 20 ans de réclusion était inexplicable et sans fondement, aucun élément n’a été présenté au tribunal prouvant qu’il avait initié un soulèvement violent contre le gouvernement », a déclaré Rupert Abbott, spécialiste du Cambodge au sein d’Amnesty International, qui a assisté au premier procès et à l’énoncé du verdict.

« En réalité, cet homme a été privé de liberté uniquement pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression et il doit être relâché immédiatement et sans condition. »

Certains de ses défenseurs ont reçu des autorités locales l’ordre de retirer les calendriers appelant à la justice pour Mam Sonando qu’ils avaient placés devant chez eux, ce qui constitue une nouvelle atteinte à la liberté d’expression. Ces calendriers, qui montrent le nombre de jours que Mam Sonando a passés en prison, sont utilisés par des militants cambodgiens comme un outil de campagne.

Journaliste bien connu et propriétaire de Beehive Radio, l’une des rares stations de radio indépendantes du Cambodge, Mam Sonando est également à la tête de l’Association des démocrates, une organisation non gouvernementale populaire qu’il a fondée pour encourager le respect des droits humains et la démocratie.

Il semble qu’il ait été poursuivi à la suite d’un discours prononcé par le Premier ministre cambodgien, Hun Sen, le 26 juin 2012. Celui-ci accusait Mam Sonando et les membres de son organisation d’être les instigateurs d’un complot ayant pour objectif la sécession du village de Pro Ma (province de Kratie).

Le discours du Premier ministre est intervenu peu après que Beehive Radio a fait état d’une plainte, déposée en juin 2012 auprès de la Cour pénale internationale, qui accuse le gouvernement cambodgien d’avoir commis des crimes contre l’humanité en déplaçant des milliers de personnes par le biais d’expulsions forcées.

«  Le cas de Mam Sonando reflète une tendance particulièrement inquiétante : les tribunaux cambodgiens sont utilisés pour réduire au silence les défenseurs des droits humains, en particulier dans le cadre de conflits fonciers et d’expulsions forcées », a affirmé Rupert Abbott.

Depuis début 2012, les autorités ont de plus en plus recours au harcèlement, aux actions en justice fallacieuses et à la violence face aux défenseurs des droits humains et aux autres personnes exerçant pacifiquement leurs droits aux libertés d’expression et de réunion pacifique.

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