Cambodge. Il ne faut pas que l’aménagement du lac Boeung Kak à Phnom Penh donne lieu à des expulsions forcées

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le remplissage du lac Boeung Kak au centre de Phnom Penh devrait immédiatement cesser en attendant la mise en œuvre d’un programme de protection des droits humains, ont déclaré ce mercredi 27 août Amnesty International et le Centre pour le droit au logement et contre les expulsions (COHRE).

Les travaux d’aménagement du lac ont démarré et des dizaines de milliers d’habitants de Phnom Penh vivant aux alentours craignent de faire l’objet d’une expulsion forcée. Ils n’avaient pas été informés de ce que les travaux allaient commencer. Peu d’informations ont été données sur ce qu’il allait advenir des personnes concernées, sachant qu’on estime qu’entre 3 000 et 4 200 familles vivent sur les rives du lac et dans les environs.

Amnesty International et COHRE ont déclaré que la manière dont se déroule ce projet est contraire tant à la législation cambodgienne qu’au droit international.

« Le remplissage du lac devrait être immédiatement interrompu, en attendant qu’un programme en bonne et due forme, des compensations et des possibilités de relogement adaptées soient proposés aux 3 000 familles au moins qui sont affectées par ce projet, a déclaré Brittis Edman, responsable des recherches sur le Cambodge au sein d’Amnesty International. Sinon, ceci pourrait être le début de la plus grande expulsion forcée de l’après-guerre au Cambodge. »

« Si le gouvernement souhaite aménager Boeung Kak, il doit suivre une procédure légale qui fasse appel à la participation de la population vivant autour du lac », a déclaré Dan Nicholson, responsable de la coordination du programme de COHRE dans la région Asie-Pacifique. Les populations affectées doivent pouvoir prendre des décisions en connaissance de cause. Le manque flagrant d’informations précises et de responsabilités clairement définies montre que les préparatifs ont été tout simplement insuffisants. »

Complément d’information

Le projet d’aménagement du lac Boeung Kak a vu le jour en 2007, après la signature par la municipalité de Phnom Penh d’un bail de 99 ans au profit la société privée Shukaku, à laquelle la municipalité a confié le développement d’une zone de 133 hectares qui couvre 90 p. cent du lac. La municipalité a expliqué que cette société allait transformer cet endroit en une « zone agréable de commerces et de services pour les touristes cambodgiens et étrangers ».

Il y a deux semaines à peine, des représentants de la municipalité avaient reconnu devant des journalistes qui les interrogeaient à Phnom Penh qu’ils ne savaient pas exactement combien de personnes étaient affectées, mais qu’ils évaluaient leur nombre à tout juste 600 familles. Les enquêtes menées par un groupe local montrent que ce nombre est beaucoup plus élevé.

En violation du droit international et des normes internationales, la signature de l’accord entre la société et la municipalité de Phnom Penh est intervenue sans que la population locale n’ait été consultée au préalable ni qu’elle ait pu participer à ce processus d’une façon ou d’une autre. Il y a eu un manque flagrant de communication tout au long du processus ; des représentants de la population locale et des défenseurs du droit au logement à Phnom Penh ont déploré le fait que les offres de compensation ou d’un logement de remplacement adapté n’avaient pas été systématiques et que les projets de réinstallation de la population n’avaient pas été révélés au public.

L’accord semble également contrevenir au droit et aux règlements d’application cambodgiens du fait qu’aucune évaluation de l’impact environnemental du projet n’a été rendue publique et qu’aucun appel d’offre n’a précédé l’accord. En outre, aux termes de la Loi foncière de 2001, le lac devrait être considéré comme un bien inaliénable de l’État dont la propriété ne peut, à ce titre, être transférée pendant une période supérieure à quinze ans, pendant laquelle la fonction de ce bien ne peut, en outre, être modifiée. Un grand nombre des familles affectées ont des droits fonciers à faire prévaloir aux termes de cette loi de 2001.

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