Les autorités cambodgiennes doivent libérer la militante du droit au logement Yorm Bopha qui a été incarcérée à l’issue d’un procès inique, a déclaré Amnesty International au moment où s’ouvre le procès en appel de cette femme.
Le 27 décembre 2012, le tribunal municipal de la capitale Phnom Penh a reconnu Yorm Bopha, âgée de 31 ans, coupable de « violence intentionnelle avec circonstances aggravantes » et l’a condamnée à une peine de trois ans d’emprisonnement.
Elle était accusée d’avoir planifié une agression contre deux hommes en août 2012. Lors du procès, les témoignages étaient incohérents et parfois contradictoires et certains témoins ont reconnu avoir été sous les effets d’une intoxication lorsque ladite infraction avait été commise.
« L’absence d’éléments de preuve contre Yorm Bopha suggère que les charges étaient sans fondement et que cette femme n’aurait jamais dû être condamnée. Il faut qu’elle soit libérée sans plus attendre », a déclaré Isabelle Arradon, directrice adjointe d’Amnesty International pour la région Asie-Pacifique.
« De trop nombreux défenseurs des droits humains ont été harcelés et ont fait l’objet de violences et de poursuites forgées de toutes pièces au cours des 12 derniers mois au Cambodge. »
Incarcérée depuis son arrestation le 4 septembre 2012, Yorm Bopha a laissé derrière elle son jeune fils et son époux, qui est malade.
Avant cette date, elle défendait activement le droit à un logement pour les personnes qui habitaient près du lac Boeung Kak et qui ont été expulsées de force de chez elles depuis que le terrain a été loué à une société en 2007.
Yorm Bopha a joué un rôle primordial dans la campagne menée pour obtenir la libération des « 13 militantes de Boeung Kak » condamnées en mai 2012 à une peine de deux ans et demi d’emprisonnement à la suite d’une manifestation pacifique.
« Il semble que Yorm Bopha ait été condamnée en raison de son action légitime de défense des droits fondamentaux des habitants de son quartier, et de son appel l’année dernière en faveur de la libération des 13 militantes de Boeung Kak », a déclaré Isabelle Arradon.
« Amnesty International considère cette femme comme une prisonnière d’opinion, détenue pour avoir exercé pacifiquement son droit à la liberté d’expression. »
Les habitants du lac Boeung Kak ont subi des violences pour avoir manifesté pacifiquement pour demander la remise en liberté de Yorm Bopha. Le 13 mars 2013, les forces de sécurité les ont attaqué alors qu’elles manifestaient pacifiquement devant le domicile du Premier ministre du Cambodge ; une femme a eu le bras cassé et une autre, âgée de plus de 70 ans, a perdu connaissance après avoir été frappée.
Le 26 mars 2013, la Cour suprême du Cambodge a rejeté la demande de mise en liberté sous caution formulée en appel par Yorm Bopha. Cette décision a été prise une semaine après que le Premier ministre du Cambodge eut déclaré que Yorm Bopha était coupable.
« Cette affaire semble être un nouveau cas d’utilisation de la justice cambodgienne pour persécuter les défenseurs des droits humains », a déclaré Isabelle Arradon.
« Nous espérons que les pays qui participent au développement du Cambodge - tels que les États-Unis, le Japon et les pays membres de l’UE et de l’ANASE - se joindront à Amnesty International et aux autres pour soutenir l’appel des habitants du lac Boeung Kak en faveur de la remise en liberté de Yorm Bopha.
Pour plus d’informations :
Cambodge. Des défenseures des droits humains déclarées coupables ; Action urgente, 30 janvier 2013