En réaction, Ming Yu Hah, directrice adjointe du Bureau régional de l’Asie du Sud-Est et du Pacifique à Amnesty International, a déclaré :
« Cette décision profondément inique est motivée par des considérations politiques. Thuy Vy s’est contenté d’organiser une conférence de presse pacifique pour réclamer la libération des prisonniers politiques, des militants des droits à la terre et des défenseurs des droits humains. Sa déclaration de culpabilité et sa condamnation doivent être annulées immédiatement et sans condition.
« Cette décision apporte une nouvelle fois la preuve que la justice manque d’indépendance au Cambodge. Au lieu de défendre les droits humains, les tribunaux se muent en outils de répression, dont se sert le gouvernement pour réduire au silence ceux qui osent exprimer des opinions dissidentes.
« La situation est d’autant plus urgente que le gouvernement intensifie sa répression contre la liberté d’association et d’expression à l’approche des élections générales de juillet. Les droits humains sont de plus en plus attaqués au Cambodge et la communauté internationale doit en tenir compte. »
Complément d’information
Le 23 mai 2018, le tribunal de première instance de Phnom Penh a lu le verdict de culpabilité concernant Thuy Vy pour avoir organisé une conférence de presse en 2017 qui « a provoqu[é] la colère publique et caus[é] le chaos dans la société », au titre des articles 494 et 495 du Code pénal cambodgien. Thuy Vy a été condamné à 18 mois d’emprisonnement et à une amende de trois millions de riels (630 euros environ).
Le 16 mai 2017, Thuy Vy, alors âgé de 28 ans, a été arrêté alors qu’il tenait une conférence de presse dans une ONG locale, Inter-Racialism High Commissioner (Haut-commissariat à l’interracialisme). À l’occasion de cet événement, l’ONG demandait au gouvernement cambodgien de libérer les prisonniers politiques, les dirigeants des partis d’opposition, les militants des droits à la terre et les défenseurs des droits humains. En outre, elle sollicitait la grâce pour Sam Serey, leader du Front national de libération du peuple khmer, et demandait que l’ONU participe à l’organisation de l’élection générale de juillet. Selon cette ONG, elle avait eu le feu vert des autorités, avant la conférence, pour l’organiser.