Communiqué de presse

Cambodge. Une justice grandie par l’acquittement de deux hommes désignés comme boucs émissaires dans le meurtre d’un syndicaliste

L’acquittement et la libération immédiate de deux hommes reconnus coupables à tort du meurtre d’un dirigeant syndical constituent un très grand pas en avant pour la justice au Cambodge, a déclaré Amnesty International.

Au terme d’un procès manifestement inique, Born Samnang, 32 ans, et Sok Sam Oeun, 45 ans, ont été condamnés à 20 ans de prison en 2005. Ils avaient été déclarés coupables du meurtre du responsable syndical Chea Vichea, assassiné en 2004. Ils doivent recouvrer la liberté le 26 septembre, la Cour suprême ayant décidé de prononcer leur acquittement.

« Born Samnang et Sok Sam Oeun n’étaient que des boucs émissaires, désignés par les autorités cambodgiennes comme responsables du meurtre de Chea Vichea. La question qui n’est toujours pas résolue est : quand ses véritables assassins vont-ils être traduits en justice ? », a déclaré Isabelle Arradon, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

Le juge de la Cour suprême qui a pris la décision de les libérer a avancé, entre autres raisons, que les preuves solides manquaient, que les accusés avaient fourni des alibis crédibles quant à leur emploi du temps au moment du crime et que l’un des deux aurait été contraint par les policiers d’ « avouer » le crime.

Chea Vichea, éminent défenseur des droits des travailleurs au Cambodge, a été abattu devant un kiosque à journaux à Phnom Penh, après avoir reçu toute une série de menaces de mort.

Born Samnang a raconté que les policiers l’avaient frappé et forcé à faire des « aveux », qui ont servi de base pour inculper les deux hommes.

Par la suite, les policiers ont menacé et arrêté les personnes qui ont fourni des alibis aux deux suspects, et ont intimidé d’autres témoins.

« Il est temps de recentrer l’enquête sur l’assassinat de Chea Vichea. Il est scandaleux qu’un influent défenseur des droits humains puisse être tué en toute impunité », a poursuivi Isabelle Arradon.

Dans sa décision, la Cour suprême n’a pas accordé de réparations aux deux hommes.

«  Nous engageons les autorités cambodgiennes à veiller à ce qu’ils puissent effectivement bénéficier de leur droit à un recours, conformément au droit international. Ils ont tous deux droit à des réparations pour ce qu’ils ont subi durant tant d’années », a expliqué Isabelle Arradon.

Aux termes du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) auquel il est partie, le Cambodge est légalement tenu de veiller à ce que toute personne dont les droits et libertés reconnus dans le Pacte ont été violés dispose d’un recours utile.

Born Samnang et Sok Sam Oeun ont été les victimes d’un procès inique et ont été arbitrairement privés de leur liberté, en violation du PIDCP.

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