Communiqué de presse

Cambodge. Une militante emprisonnée doit être libérée, et non pas oubliée

La défenseure des droits humains cambodgienne Yorm Bopha, emprisonnée l’an dernier pour des motifs fallacieux, doit être remise immédiatement en liberté, a déclaré Amnesty International à l’approche du premier anniversaire de son arrestation.

Âgée de 30 ans et mère d’un enfant, Yorm Bopha, défenseure des droits au logement de sa communauté, a été arrêtée le 4 septembre 2012 puis condamnée à trois années d’emprisonnement à l’issue d’un procès inéquitable, en décembre 2012.

«  Yorm Bopha est une prisonnière d’opinion ; elle a été incarcérée parce qu’elle militait et défendait, pacifiquement, les droits de ceux de sa communauté qui ont perdu leurs habitations lors d’expulsions forcées, a dénoncé Isabelle Arradon, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Cette femme doit être remise en liberté immédiatement et sans condition. »

Le Cambodge se trouve dans une impasse politique tendue depuis les élections controversées du 28 juillet 2013, la victoire étant revendiquée aussi bien par le Parti du peuple cambodgien, au pouvoir, que par le mouvement d’opposition Parti du sauvetage national du Cambodge.

« Ce blocage politique ne doit pas faire oublier Yorm Bopha, a ajouté Isabelle Arradon. Son cas et celui de sa communauté sont représentatifs de certains problèmes qui ont mené à une insatisfaction croissante au Cambodge – développement inégal, conflits fonciers, expulsions forcées et un système judiciaire qui, au lieu de protéger les droits des pauvres, sert à réprimer la liberté de parole. »

Yorm Bopha avait activement défendu les droits des habitants des rives du lac Boeung Kak qui, par milliers, ont été expulsés de force de chez eux depuis que le terrain a été loué à une société en 2007.

Elle a joué un rôle primordial dans la campagne menée pour obtenir la libération des « 13 militantes de Boeung Kak », condamnées en mai 2012 à des peines allant jusqu’à deux ans et demi d’emprisonnement pour avoir participé à une manifestation pacifique.

Yorm Bopha avait été accusée d’avoir planifié une attaque contre deux hommes en août 2012, et condamnée en décembre pour « violences intentionnelles avec circonstances aggravantes ».

Cependant, lors du procès, les témoignages étaient incohérents et parfois contradictoires, et certains témoins auraient été sous les effets d’une intoxication lorsque l’infraction présumée a été commise.

Bien qu’une audience en appel n’ait pas permis d’élucider ces contradictions en juin 2013, la cour a confirmé le jugement prononcé en première instance mais a assorti l’une des trois années d’emprisonnement du sursis.

Depuis, Yorm Bopha a formé un recours devant la Cour suprême.

« En raison du manque de preuves présentées, il est difficile de ne pas en conclure que Yorm Bopha a été injustement ciblée par les autorités, a indiqué Isabelle Arradon. Elle figure simplement parmi les nombreux défenseurs des droits humains qui ont été harcelés, menacés, agressés et emprisonnés tout au long de ces dernières années. Lorsqu’il sera constitué, le nouveau gouvernement devra mettre fin d’urgence à cette tendance inquiétante et veiller à ce que le Cambodge laisse les militants pacifiques mener leurs activités, tout aussi importantes que légitimes. »

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