Communiqué de presse

Des centaines d’ouvriers du bâtiment indiens sont peut-être bloqués en Irak

Amnesty International a reçu des éléments d’information qui permettent de penser que plusieurs centaines de ressortissants indiens sont peut-être bloqués dans la province irakienne de Najaf, sans pouvoir rentrés chez eux car leur employé refuse de leur rendre leurs passeports.

Tous travailleraient pour une entreprise de construction et de travaux d’infrastructures. Amnesty International Inde s’est entretenue avec certains d’entre eux, qui ont indiqué ne pas avoir été payés ces cinq derniers mois.

L’un des travailleurs migrants, Baljinder Singh (son nom a été modifié), a déclaré au téléphone à Amnesty International Inde : « L’employeur détient tous nos passeports et refuse de nous les rendre. Nous avons décidé de ne plus quitter les locaux de l’entreprise depuis le début du conflit, car nous avons très peur. Sans nos passeports, nous ne pouvons pas quitter ce pays et, chaque jour, nous nous sentons de plus en plus en danger. Nous voulons juste rentrer chez nous. »

Baljinder Singh a indiqué que les travailleurs avaient soulevé le problème auprès de l’ambassade indienne à Bagdad, qui leur a demandé de lui transmettre leurs coordonnées par SMS. Ceux-ci l’ont fait le 19 juin, dans la matinée, et attendent maintenant une réponse.

Daljit Singh (son nom a été modifié), un autre employé de l’entreprise, a déclaré : « Je travaille ici depuis plus de deux ans. Mon employeur retient plus de 1 500 dollars de mon salaire. La plupart de mes collègues sont dans la même situation. »

L’employeur, ont raconté les travailleurs, leur a dit qu’ils étaient en sécurité et qu’on les transférerait vers des lieux plus sûrs en cas de menace de la part de groupes armés dirigés par l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL).

Avtar Singh
(son nom a été modifié), un autre employé, a déclaré : « Bon nombre d’entre nous avons de lourdes dettes chez nous. Mais nous ne nous soucions plus de l’argent. Nous voulons juste retourner immédiatement auprès de nos familles. Nous ne sommes qu’à quelque 200 kilomètres de la zone du conflit. Le danger est imminent et nous le sentons. »

Le 20 juin, Amnesty International Inde a tenté de joindre l’entreprise de construction sur les principales lignes téléphoniques de celle-ci ainsi que sur les mobiles de trois de ses dirigeants, mais n’a pu s’entretenir avec personne au sujet des allégations faites par certains des travailleurs à l’encontre de l’entreprise.

Les travailleurs migrants, dont ceux qui sont originaires d’Inde, figurent parmi les groupes les plus vulnérables en Irak, alors que les combats entre les forces gouvernementales et les groupes armés dirigés par l’EIIL se propagent dans d’autres régions du pays. Environ 46 infirmières indiennes sont bloquées dans un hôpital de la ville de Tikrit, contrôlée par des groupes armés. Selon certaines informations, l’EIIL et d’autres groupes armés auraient enlevé 40 travailleurs indiens dans la ville de Mossoul. Le 20 juin, 44 ouvriers, dont des ressortissants turcs enlevés non loin de Kirkouk, mercredi 18 juin, ont été remis aux forces de police dans cette ville.

Amnesty International engage l’EIIL et les autres groupes armés à ne faire aucun mal aux civils qu’ils retiennent en otage, à tous les relâcher immédiatement et sans condition, et à mettre fin à toutes les attaques contre la population civile.

Au regard du droit international humanitaire, les acteurs étatiques et non étatiques sont tenus de prendre les précautions qui s’imposent pour ne pas mettre en péril la population civile. Les parties au conflit doivent faciliter le passage en toute sécurité de tous les civils qui souhaitent fuir les combats. Amnesty International exhorte également le gouvernement régional du Kurdistan et les autorités des États voisins à accueillir ces civils.

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