Compte tenu de la clôture imminente, fixée au 30 juillet, de l’enquête sur les attaques qui ont causé la cécité permanente de Gustavo Gatica ; du réexamen des mesures conservatoires prises contre le carabinero identifié comme ayant tiré la cartouche de gaz lacrymogènes qui a fait perdre la vue à Fabiola Campillai ; et de la demande de prolongation de l’enquête menée par le bureau du procureur sur cette affaire, qui devait se clore le 28 juillet ; Amnesty International estime qu’il est nécessaire et urgent qu’une enquête soit menée sur la chaîne de commandement.
« Il est décevant qu’après plus de 20 mois, seules de timides mesures aient été prises pour enquêter sur certains des représentants du commandement stratégique des Carabineros, et jamais dans des cas individuels. Il y a de bonnes raisons de croire que l’ancien directeur général et le directeur de l’époque des Forces de l’ordre et de la sécurité – qui occupe à présent les fonctions de directeur général – pourraient avoir consenti à la commission d’actes de torture et d’autres mauvais traitements infligés à des manifestant·e·s, notamment dans des cas aussi graves que ceux de Gustavo Gatica et de Fabiola Campillai, a déclaré Clara del Campo, chargée de campagne à Amnesty International.
Clara del Campo a également déclaré que si une personne fait l’objet d’une enquête en raison de sa responsabilité présumée dans la commission d’une infraction, cela n’annule pas la présomption d’innocence dont jouit toute personne.
« Le retard qu’accusent les investigations sur la haute hiérarchie est d’autant plus inquiétant dans un contexte où l’agitation sociale au Chili perdure et continue d’être réprimée avec des violences policières. Les méthodes et les armes utilisées ont changé, mais l’intention de porter préjudice aux manifestant·e·s persiste. Tant que la haute hiérarchie échappera à l’obligation de rendre des comptes, nous continuerons de déplorer des violations des droits humains. L’impunité favorise la répétition. »
En octobre 2020, Amnesty International a publié un rapport exhaustif, intitulé Eyes on Chile : Police violence and command responsibility during the period of social unrest, qui examine les actes des responsables des Carabineros entre le 18 octobre et le 30 novembre 2019. Le rapport conclut que de graves violations des droits humains ont été commises, notamment des violations généralisées du droit à l’intégrité de la personne, car des représentants du commandement stratégique n’ont pas pris toutes les mesures nécessaires pour empêcher ces agissements. Dans ce même rapport, l’organisation souligne qu’afin de garantir la non-répétition des événements tels que ceux qui sont examinés dans le rapport, il est non seulement nécessaire que tous les responsables présumés soient jugés, jusqu’au plus haut niveau possible, mais aussi indispensable que l’institution des Carabineros soit considérablement réformée. Les mesures pointées par ces deux recommandations demeurent nécessaires et urgentes.