« Le monde a les yeux tournés vers le Chili. Nous allons envoyer au Chili notre équipe régionale de crise pour réunir des informations, conjointement avec notre équipe présente au Chili, sur les graves violations des droits humains et les éventuels crimes de droit international commis par des agents de l’État », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.
Le gouvernement chilien a fait savoir que jusqu’à présent, 18 personnes sont mortes dans le contexte des manifestations, de l’état d’urgence et du couvre-feu. Selon l’Institut national des droits humains (INDH), cinq de ces personnes sont mortes aux mains d’agents des forces de sécurité. L’INDH a également indiqué que près de 2 600 personnes ont été arrêtées, que 584 personnes ont été blessées – dont 245 par des armes à feu – et signalé d’autres graves violations des droits humains.
L’équipe régionale chargée des crises d’Amnesty International va recueillir des témoignages et réunir des documents permettant de confirmer les allégations de violations des droits humains et de crimes de droit international, afin d’accompagner les victimes et de demander à l’État chilien de garantir leur droit à la justice, à la vérité, à réparation et à la non-répétition.
Amnesty International a reçu, au moyen des différents canaux de communication mis à la disposition de la société civile chilienne, plusieurs centaines de dénonciations de graves violations des droits humains allant du recours excessif à la force à la torture, en passant par des perquisitions illégales et des arrestations arbitraires. Les spécialistes des technologies numériques d’Amnesty International sont en train de vérifier les photographies et les vidéos qui ont été reçues jusqu’à présent.
« Nous demandons une fois de plus au président Sebastián Piñera de mettre fin à la violente répression qui s’abat sur celles et ceux qui exercent leur droit légitime de manifester pacifiquement. Malgré ses messages de réconciliation, d’excuses et les autres mesures insuffisantes, le déploiement agressif des carabiniers et des militaires dans les rues continue de tourmenter la population, a déclaré Erika Guevara Rosas.
« Le gouvernement chilien doit s’efforcer avant tout d’écouter les doléances de la population et d’y répondre véritablement, et procéder aux réformes substantielles et structurelles qui sont nécessaires pour que toutes les personnes au Chili puissent jouir dans des conditions d’égalité des droits humains et vivre dans la dignité. »