Chine. À l’approche des Jeux olympiques, l’étau se resserre autour des militants à Pékin


COMMUNIQUÉ DE PRESSE

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L’intensification de la censure, ainsi que les agressions et les enlèvements perpétrés par des membres présumés des services de sécurité à l’encontre de militants pacifiques à Pékin, enlèvent toute valeur aux engagements officiels promettant une amélioration de la situation des droits humains à l’approche des Jeux olympiques
", a déclaré ce vendredi 7 février Tim Parritt, directeur adjoint du Programme Asie-Pacifique d’Amnesty International, en réaction à la vague de répression qui frappe actuellement les militants et les avocats spécialisés dans les droits humains à Pékin.

Teng Biao, avocat, universitaire et militant des droits humains, a disparu jeudi 6 mars vers 20 h 30, juste après son arrivée à son domicile ; selon des témoins, il aurait été poussé de force dans un véhicule. Depuis, on est sans nouvelles de lui et il ne répond plus aux appels sur son téléphone mobile.

Dans une autre affaire, ce vendredi 7 mars, vers 7 h 20, le véhicule de Li Heping s’est fait emboutir par une voiture de police alors que cet avocat spécialisé dans les droits humains conduisait son fils à l’école, à Pékin. Son fils et lui ont été choqués par l’accident, mais ils ne souffriraient d’aucune blessure grave.

Le véhicule de police les suivait depuis leur départ de leur domicile et a semble-t-il accéléré avant l’accident. Li Heping a reconnu dans la voiture trois policiers de son district. Il affirme que le conducteur du véhicule l’a ignoré quand il l’a interpellé au sujet de l’accident, et que la police de la circulation a refusé de s’occuper de cette affaire quand il a voulu signaler l’accident plus tard dans la journée. En septembre 2007, Li Heping avait été enlevé par des hommes non identifiés, frappé à coups de matraques électriques et menacé d’autres agressions s’il ne quittait pas Pékin.

« Le fait que deux avocats défenseurs des droits humains aient été pris pour cible ces deux derniers jours montre que l’étau se resserre autour des militants de Pékin à l’approche des Jeux olympiques », a déclaré Tim Parritt.

« Nous sommes très inquiets pour la sécurité de Li Heping et de Teng Biao. Les autorités doivent mener une enquête exhaustive et impartiale sur ces deux affaires et révéler ce qu’il est advenu de Teng Biao », a-t-il ajouté.

Amnesty International a aussi dénoncé la détention de militants des droits humains arrêtés en raison de leurs activités pacifiques légitimes.

La police a récemment transmis au ministère public le dossier du militant des droits humains Hu Jia, actuellement incarcéré, ce qui laisse à penser qu’il pourrait être jugé prochainement pour « incitation à la subversion ». C’est un chef d’inculpation qui est régulièrement utilisé en Chine pour réduire au silence et emprisonner des militants pacifiques. Hu Jia a été arrêté en décembre 2007, mais son arrestation n’a été notifiée à sa famille par les autorités que le 30 janvier 2008. Il est à craindre qu’il ait subi des pressions policières destinées à le faire « avouer » ses « crimes ». Amnesty International le considère comme un prisonnier d’opinion et demande sa libération immédiate et sans condition.

Par ailleurs, la censure d’Internet s’est aussi intensifiée ces dernières semaines, en particulier à l’encontre de groupes travaillant sur le VIH/sida basés à Pékin.

Ainsi, le 26 février, les autorités de Pékin ont fermé deux sites d’information sur le sida dirigés par des militants dans ce domaine : www.aidsmuseum.net et www.aidswiki.cn

Le 5 mars, l’Institut d’éducation sanitaire Aizhixing a reçu l’ordre de supprimer de son site des « informations illégales », et ce site a été temporairement fermé. Certains pensent que les informations en question portaient sur Hu Jia, cofondateur de l’Institut dans le cadre de son travail militant sur les questions liées au VIH/sida.

Complément d’information

Il est possible que l’enlèvement de Teng Biao ait un lien avec l’affaire Hu Jia. En effet, après l’arrestation de Hu Jia en décembre 2007, la police avait déjà prévenu Teng Biao de ne pas se mêler de cette affaire. Les deux hommes avaient écrit ensemble un article sur les violations des droits humains en Chine. Intitulé Les Jeux olympiques et la vraie situation en Chine, cet article était paru en septembre 2007.
Voir : HYPERLINK "http://hujiachina.spaces.live.com/blog/cns !2E61195DD50A5E9A !327.entry"http://hujiachina.spaces.live.com/blog/cns!2E61195DD50A5E9A!327.entry (en chinois) -
Cet article a récemment été publié en anglais par Human Rights in China : HYPERLINK "http://hrichina.org/public/PDFs/CRF.4.2007/CRF-2007-4_Situation.pdf"http://hrichina.org/public/PDFs/CRF.4.2007/CRF-2007-4_Situation.pdf

Hu Jia a été autorisé à rencontrer des membres de sa famille et un avocat, même si la police lui a refusé toute rencontre avec son autre avocat au motif que son dossier concernait des secrets d’État. Ces visites se font sous la surveillance de plusieurs policiers, et il ne peut pas parler librement. Lors de sa première visite, le 31 janvier 2008, sa famille a constaté avec inquiétude qu’il semblait très pâle, stressé et qu’il parlait comme s’il répétait un rôle. Hu Jia souffre d’une maladie du foie liée à une infection par le virus de l’hépatite B. Les policiers lui auraient donné quelques médicaments, mais on ne sait pas exactement lesquels ni s’ils sont adaptés à sa pathologie.

Pour plus d’informations, voir l’Action urgente 01/08 d’Amnesty International, en date du 2 janvier 2008 : HYPERLINK http://www.amnesty.org/en/library/info/ASA17/035/2008/fr
ainsi que sa mise à jour parue le 1er février 2008 (ASA 14/047/2008) :
http://www.amnesty.org/en/library/info/ASA17/047/2008/fr

Le 29 septembre 2007, Li Heping avait été enlevé par des hommes non identifiés, frappé à coups de matraques électriques et menacé d’autres agressions s’il ne quittait pas Pékin. Il avait été libéré environ huit heures plus tard. Cet enlèvement s’était produit peu après que la police ait ordonné à Li Heping de quitter Pékin pendant le 17e Congrès du Parti communiste, en octobre 2007.

Pour plus d’informations, voir l’Action urgente 253/07 d’Amnesty International, en date du 3 octobre 2007 (ASA 17/046/2007) : "http://www.amnesty.org/en/library/info/ASA17/046/2007/fr"
ainsi que sa mise à jour parue le 21 décembre 2007 (ASA 17/064/2007) :
"http://www.amnesty.org/en/library/info/ASA17/064/2007/fr"

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