Il faut empêcher l’exécution d’une Chinoise qui a tué son mari à coups de crosse de fusil après avoir subi des violences domestiques pendant des mois, a déclaré Amnesty International le 23 janvier 2013.
Li Yan, une femme de 41 ans originaire de la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine), risque d’être exécutée à tout moment entre aujourd’hui et le Nouvel An chinois, début février.
« L’exécution de Li Yan ne servira pas la justice, a déclaré Roseann Rife, responsable de l’Asie de l’Est à Amnesty International. Nous demandons aux autorités chinoises de commuer en peine d’emprisonnement la sentence capitale qui pèse sur elle. »
Li Yan a été condamnée à mort en août 2011 pour le meurtre de son mari, Tan Yong, commis fin 2010.
Tan Yong battait fréquemment sa femme et lui a sectionné un doigt ; il lui écrasait des mégots de cigarette sur le visage et pendant les hivers très rigoureux du Sichuan, il l’« enfermait » à peine vêtue plusieurs heures durant sur le balcon à l’extérieur de leur appartement.
Ces violences répétées ont débuté peu après leur mariage, au début de l’année 2009.
Li Yan s’est adressée à plusieurs reprises aux autorités, en particulier à la police, afin d’obtenir une protection ; elle a dû être hospitalisée après l’une des agressions de son mari.
La police a pris des photos des blessures subies par cette femme après l’un des passages à tabac, mais n’a rien fait d’autre. Comme on pouvait s’y attendre, les violences se sont poursuivies.
Amnesty International déplore que les juges qui l’ont condamnée à mort et ceux qui ont examiné l’affaire en appel n’aient pas véritablement tenu compte des éléments (y compris des témoignages) montrant que Li Yan avait subi des violences répétées.
« Si les autorités chinoises avaient protégé Li Yan, comme l’exige le droit international, ce dénouement tragique aurait pu être évité, a poursuivi Roseann Rife. Les plaintes de cette femme auraient dû faire l’objet d’une véritable enquête et son mari aurait dû être poursuivi en justice avant qu’elle-même ne recoure à la violence.
« Les victimes de violences domestiques ne devraient pas avoir à vivre dans la peur et l’isolement. Les autorités chinoises ont l’obligation de prévenir les violences contre les femmes, y compris les violences infligées par les maris, de mener de véritables enquêtes sur toutes les plaintes et de traduire en justice les responsables présumés de ces actes. Elles doivent se mobiliser de toute urgence sur cette question et fournir un appui et une protection appropriés. »
La Cour populaire suprême, à Pékin, a confirmé à la mi-janvier la sentence capitale prononcée contre Li Yan. Cette femme est actuellement incarcérée au centre de détention du district d’Anyue.
Amnesty International s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, sans exception, quelles que soient la nature du crime commis, la personnalité de son auteur ou la méthode d’exécution utilisée par l’État.