« Le jugement lamentable rendu ce jour contre Liu Feiyue n’a rien à voir avec la justice. Liu Feiyue est la dernière victime de l’offensive soutenue que mène le gouvernement chinois contre ceux qui défendent les droits humains. C’est un prisonnier d’opinion qui doit être libéré immédiatement et sans condition, a déclaré Patrick Poon, chercheur sur la Chine à Amnesty International.
« Sur son site Internet, Liu Feiyue braquait les projecteurs sur les violations des droits humains que subissent de nombreux citoyens en Chine. Pourtant, au lieu d’apporter des réponses à ces violations lorsqu’elles sont dénoncées, les autorités ont décidé de le réduire au silence. Il n’aurait jamais dû faire l’objet de poursuites ni passer un seul jour en prison uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression. »
Complément d’information
Liu Feiyue est le fondateur et administrateur de Civil Rights and Livelihood Watch, un site Internet consacré aux droits humains et basé dans la province du Hubei (msguancha.com). Ce site dénonce les violations des droits humains dont sont victimes de simples citoyens en Chine, en particulier des personnes qui ont perdu leur foyer à la suite d’expulsions forcées de leurs terres et qui demandent réparation au gouvernement. Le site publie également des informations – et partage des informations publiées par d’autres militants – sur la situation de défenseurs des droits humains placés en détention, et demande leur libération.
Liu Feiyue compte parmi plusieurs citoyens qui se retrouvent dans le collimateur des autorités parce qu’ils gèrent des sites consacrés aux droits humains. Zhen Jianghua, administrateur de la plateforme en ligne Campagne de défense des droits humains en Chine, a été condamné le 28 décembre 2018 à une peine de deux ans d’emprisonnement, tandis que Huang Qi, fondateur et directeur de « 64 Tianwang », un site sichuanais, a été jugé en secret le 14 janvier et attend son verdict.
Liu Feiyue a été condamné par le tribunal populaire intermédiaire de la ville de Suizhou, dans la province du Hubei, dans la matinée du 29 janvier. Il n’a été informé de sa condamnation qu’aujourd’hui, alors qu’il avait comparu devant le tribunal le 7 août 2018. Il a été placé en détention le 18 novembre 2016 et officiellement arrêté le 23 décembre 2016 pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État ». Il n’a pas été autorisé à s’entretenir avec son avocat avant le 25 mai 2017.