Chine. Le militant Feng Zhenghu victime de disparition forcée

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Le gouvernement chinois doit immédiatement donner des informations concernant le sort de Feng Zhenghu, défenseur reconnu des droits humains, dont on vient d’apprendre qu’il a été arrêté le 15 février par des membres des forces de sécurité à Pékin. Au cours de ces quarante jours de détention aux mains des autorités, aucune information sur son sort n’a filtrée et aucune charge contre lui n’a été rendue publique.

« Feng Zhenghu est victime de disparition forcée et à ce titre il risque davantage d’être torturé ou de subir des mauvais traitements, a déclaré Roseann Rife, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Les autorités chinoises doivent immédiatement l’autoriser à rencontrer sa famille et ses avocats ; il doit être immédiatement libéré ou inculpé d’une infraction dument reconnue par la loi. »

Feng Zhenghu a été arrêté à Pékin par sept policiers de Shanghai alors qu’il accompagnait la victime d’une expulsion forcée chez un avocat. Les policiers l’ont forcé à monter dans une voiture devant l’hôtel Guobin, près de Buwai Dajie. Feng Zhenghu a été ramené à Shanghai le 16 février. Il a pu appeler son frère au téléphone sur la route du retour à Shanghai mais on est sans nouvelles de lui depuis cette date.

La famille de Feng Zhenghu s’est rendue au poste de police de son quartier à Shanghai le 20 février pour demander où il se trouvait mais n’a pas obtenu de réponse. Le 12 mars, presque un mois après que Feng Zhenghu ait été emmené, la police de Shanghai pour la sécurité interne (guobao) a demandé à son épouse de coopérer et de l’empêcher de rencontrer ou d’aider les auteurs de pétitions à l’avenir. Les policiers de la sécurité interne ont accepté que la famille lui fasse parvenir des vêtements. Toutefois, en violation du Code de procédure pénale chinois, ils ont refusé de donner à la famille de Feng Zhenghu des informations sur son sort et sur les accusations qui pèsent sur lui.

« Il est honteux que des organes d’application des lois chinois désobéissent à la loi de manière si flagrante, a déclaré Roseann Rife. Selon la procédure légale chinoise, Feng Zhenghu doit pouvoir consulter un avocat et sa famille a le droit de savoir où et pourquoi il est détenu. »

L’enlèvement de Feng Zhenghu intervient après l’arrestation de l’avocat et défenseur des droits humains Gao Zhisheng, dont on est sans nouvelles depuis le 4 février, date à laquelle il a été arrêté à son domicile dans la province du Shaanxi par plus d’une dizaine d’agents de la sécurité. Sa famille a fui la Chine au début de 2009 en raison du harcèlement continuel et de la surveillance intensive dont faisait l’objet toute la famille.

« Étant donné les tortures horribles endurées par Gao Zhisheng au cours de sa détention précédente en 2007, il pourrait être sérieusement en danger à l’heure actuelle, a déclaré Roseann Rife. Les autorités chinoises doivent donner des informations sur le sort de Gao Zhisheng et de Feng Zhenghu et veiller à ce qu’ils ne soient soumis à aucune forme de torture ou de mauvais traitements aux mains d’agences de l’État ou d’agents non gouvernementaux. »

Complément d’information

Feng Zhenghu, cinquante-quatre ans, était directeur du centre de recherches China Enterprise qui avait publié des articles prédisant une possible répression du mouvement pro-démocratique en 1989 lorsque l’armée est entrée à Pékin. Après cela, Feng Zhenghu avait subi plusieurs interrogatoires et avait été contraint de quitter le centre de recherches.

En 2001, il avait été accusé de faire des affaires illégalement et condamné à trois années de prison. Depuis sa libération en 2004, il écrit des critiques économiques, dénonçant notamment les abus des gouvernements locaux et les expulsions forcées. À Shanghai, de nombreux auteurs de pétitions, victimes du développement économique, ont demandé à Feng Zhenghu son aide pour obtenir justice. Il les a aidés à constituer des dossiers et à trouver un avocat pour entamer une action en justice.

Gao Zhisheng a été condamné pour « incitation à la subversion », après un procès à huis clos et condamné à trois années de prison ferme, cinq années de mise à l’épreuve et un an de privation de ses droits politiques en décembre 2006. Il était sous surveillance constante depuis sa condamnation, bien au-delà de ce qu’autorise le Code pénal chinois pour les personnes condamnées à une mise à l’épreuve ; par deux fois au moins au cours de cette période, il a été emmené de force et placé en détention, et a subi mauvais traitements et actes de torture.

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