Communiqué de presse

Chine. Les autorités sont instamment engagées à faire preuve de retenue s’agissant des manifestations en Mongolie intérieure

Les autorités chinoises doivent éviter une répression violente des manifestations en Mongolie intérieure, région où la loi martiale a été décrétée dans plusieurs secteurs pour réprimer une cinquième journée de manifestations, a déclaré Amnesty International le 27 mai.

« Les autorités chinoises doivent respecter la liberté d’expression et de réunion pour les manifestants. Étant donné la répression brutale de mouvements de protestation similaires dans d’autres régions, comme le Xinjiang ou le Tibet, il y a de réels motifs d’inquiétude à propos de la situation en Mongolie intérieure », a déclaré Catherine Baber, directrice adjointe du programme Asie Pacifique d’Amnesty International.

Dans un geste de défi rare, des centaines de Mongols de souche de la Région autonome de Mongolie intérieure ont marché sur un bâtiment abritant le gouvernement local dans le comté de la bannière de Shuluun Huh vendredi 27 mai, appelant les autorités chinoises à respecter les droits et le mode de vie traditionnel des bergers mongols, ainsi que leur accès aux pâturages.

Selon les informations dont nous disposons, les manifestations, quotidiennes depuis le 23 mai dans toute la région, ont été pacifiques pour la plupart. Toutefois, au moins 18 personnes auraient été blessées, certaines d’entre elles gravement, lors d’affrontements avec la police dans le chef-lieu de la bannière droite d’Ujumchi les 23 et 26 mai.

« Au cœur de ces manifestations on trouve des revendications de longue date en faveur du respect des droits humains et de la protection de la culture mongole. Au fil des ans, les autorités chinoises ont régulièrement placé en détention militants et écrivains auteurs de tels appels, condamnant certains d’entre eux à de longues peines d’emprisonnement. Ce mouvement de protestation est un signal fort lancé aux autorités. Comme dans d’autres régions où vivent des minorités, les autorités doivent commencer à prêter attention au message plutôt que d’attaquer les messagers », a déclaré Catherine Baber.

« Les autorités chinoises doivent garantir aux Mongols de souche le droit à la liberté d’expression et de réunion et elles doivent éviter tout recours à une force inutile ou excessive lors des opérations de maintien de l’ordre autour de ces manifestations », a-t-elle ajouté.

La semaine de manifestations, qui a vu mercredi 25 mai environ 2 000 étudiants mongols descendre dans la rue pour manifester dans la ville de Shiliinhot en Mongolie intérieure, a débuté après la mort d’un berger mongol du nom de Mergen (qui, comme la plupart des personnes appartenant à l’ethnie mongole, n’a qu’un seul nom) ; l’homme a été renversé par un camion de charbon conduit par un Chinois han, l’ethnie dominante en Chine. Les autorités chinoises ont arrêté et inculpé le chauffeur chinois et son collègue.

Beaucoup, parmi les six millions de Mongols de souche, craignent que leur mode de vie traditionnel ne soit menacé par les projets d’exploitation de plus en plus nombreux dans cette riche région minière.

D’autres messages appelant les Mongols à manifester ont été postés sur la toile. Toutefois, selon les médias locaux, les autorités chinoises auraient intensifié la censure en ligne après les manifestations et des correspondants font état d’un accès de plus en plus limités aux plateformes sociales en ligne dans la région.

Des appels similaires au respect des droits et de la culture des Mongols de souche ont été lourdement réprimés dans le passé par les autorités chinoises. Hada, militant mongol des droits humains et co-fondateur de l’Alliance démocratique de Mongolie méridionale, a été condamné en 1995 à une peine de 15 années d’emprisonnement pour « espionnage » et « séparatisme ».

Hada devait être libéré en décembre 2010 mais il est toujours détenu au secret. Son épouse et son fils étaient sous étroite surveillance et, depuis son incarcération, fréquemment harcelés par les autorités. Tous deux ont été arrêtés la veille du jour où il devait être libéré ; ils ont depuis été inculpés respectivement de « commerce illégal » et de « possession de stupéfiants ».

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