Chine. Les exécutions hâtives mettent en évidence l’iniquité des procès faisant suite aux troubles au Xinjiang

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

ÉFAI-
10 novembre 2009

Les autorités chinoises doivent veiller à ce que toutes les personnes poursuivies pour des infractions commises pendant les émeutes de juillet dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang soient jugées équitablement et n’encourent pas la peine capitale, a déclaré Amnesty International ce mardi 10 novembre.

Ce même jour, le China Daily a publié des informations indiquant que 20 autres suspect avaient été déférés devant la justice lundi 9 novembre pour des diverses infractions, allant du vol qualifié au meurtre en passant par l’incendie volontaire, liées à ces troubles.

Leur procès fait suite à l’exécution de huit Ouïghours et d’un Chinois han, annoncée par les autorités lundi. Le communiqué qu’elles ont diffusé n’indique pas la date à laquelle ces neuf personnes ont été exécutées, mais précise que la Cour populaire suprême avait auparavant examiné et approuvé leurs condamnations.

« En exécutant à la hâte ces personnes après des procès iniques, les autorités chinoises perpétuent certaines des injustices qui ont précisément contribué à déclencher cette flambée de violence au départ », a déclaré Roseann Rife, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

Les neuf prisonniers exécutés figuraient parmi 21 prévenus jugés et condamnés en octobre à la suite des troubles de juillet. Trois autres personnes ont été condamnées à des peines de mort assorties d’un sursis, tandis que les autres ont écopé de longues peines d’emprisonnement. Leurs procès ont duré moins d’une journée. Leurs condamnations ont été confirmées par le tribunal populaire supérieur de la région autonome ouïghoure du Xinjiang le 30 octobre.

Amnesty International estime qu’en raison des déclarations faites par des responsables chinois à la suite des troubles au Xinjiang, il aurait été très difficile de garantir l’équité de ces procès. Lors d’une conférence de presse en juillet, le secrétaire du Parti communiste d’Ürümqi a assuré que les « auteurs de crimes violents ser[aient] condamnés à mort ».

Par ailleurs, les prévenus n’ont pas pu bénéficier des services d’un avocat de leur choix, les autorités judiciaires de Pékin ayant fait pression sur les juristes spécialisés dans la défense des droits humains pour qu’ils ne prennent pas en charge leurs dossiers.

Amnesty International est préoccupée par le manque d’ouverture et de transparence entourant ces procès. Aucune annonce publique n’a été diffusée à leur sujet et aucun observateur n’était présent lors des audiences.

« Au vu du grand nombre de détentions signalées par les autorités chinoises à la suite des troubles, des dizaines d’autres procès pourraient avoir lieu et déboucher éventuellement sur de nouvelles exécutions. Le gouvernement chinois doit veiller à ce que ces procès se déroulent conformément aux engagements internationaux en matière de droits humains, dans la transparence et sans recours à la peine capitale », a ajouté Roseann Rife.

À la suite des troubles aux Xinjiang, Amnesty International a recueilli des témoignages oculaires faisant état d’un recours excessif à la force contre des manifestants non violents, notamment de passages à tabac, de l’utilisation de gaz lacrymogènes et de tirs visant directement la foule.

L’organisation engage les autorités chinoises à examiner tous les actes de violence commis au cours des troubles de juillet, y compris le possible recours excessif à la force par les forces de sécurité contre des manifestants ouïghours pacifiques.

«  Une méthode qui exclut de mener des enquêtes publiques sur les infractions et de reconnaître les causes profondes du mécontentement ne fera que perpétuer les tensions et le sentiment d’injustice qu’éprouvent certaines minorités ethniques », a prévenu Roseann Rife.

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