« Ce verdict déplorable et la peine scandaleusement lourde infligée à Gui Minhai sur la base d’accusations totalement dénuées de fondement montrent une nouvelle fois que les autorités chinoises poursuivent leur répression de la dissidence, sans se laisser distraire par la crise du coronavirus, a déclaré Patrick Poon, chercheur sur la Chine à Amnesty International.
« Gui Minhai semble avoir été jugé et condamné en secret, ce qui l’a privé de toute possibilité de bénéficier d’un procès équitable. Malgré les affirmations des autorités selon lesquelles cet homme aurait, sans que l’on sache comment, transmis des « renseignements » alors qu’il se trouvait entre leurs mains, il est à peu près certain que la véritable raison qui se cache derrière cette affaire est la tentative de Gui Minhai de se rendre à Pékin avec deux diplomates suédois en 2018.
« Gui Minhai doit être libéré immédiatement et sans conditions, à moins que la Chine ne puisse fournir des preuves concrètes, crédibles et recevables des crimes qu’il est accusé d’avoir commis. »
Complément d’information
Le tribunal populaire intermédiaire de Ningbo a annoncé mardi 25 février 2020 sur son site Internet que Gui Minhai avait été condamné à 10 ans d’emprisonnement et à cinq ans de privation de ses droits politiques pour « divulgation illégale de renseignements à des entités étrangères ».
L’annonce du tribunal affirme sans plus d’explication que Gui Minhai avait demandé à reprendre la nationalité chinoise en 2018, alors qu’il avait la nationalité suédoise depuis 1996.
Gui Minhai était l’un des cinq éditeurs et libraires de Hong Kong qui avaient disparu en 2015 après avoir publié des livres critiquant le gouvernement chinois. Porté disparu en Thaïlande, il était réapparu à la télévision d’État chinoise en 2016, faisant devant la caméra des « aveux » semble-t-il forcés dans lesquels il reconnaissait un accident de la circulation avec délit de fuite plusieurs années auparavant.
Libéré en 2017, Gui Minhai a manifestement continué à faire l’objet d’une étroite surveillance policière et ne pouvait pas circuler librement. Il a été interpelé par des policiers en civil en janvier 2018, alors qu’il se rendait à Pékin pour raisons médicales en compagnie de deux diplomates suédois.