Chine. La persécution politique se poursuit contre Guo Feixiong

La peine de six ans d’emprisonnement infligée au défenseur chinois des droits humains Guo Feixiong en raison de ses activités pacifiques de plaidoyer en faveur des droits humains et de réformes politiques, représente un cas flagrant de persécution politique, a déclaré vendredi 27 novembre Amnesty International, qui a demandé la libération immédiate et inconditionnelle de cet homme et de deux autres militants.

Guo Feixiong – le nom de plume de l’écrivain et défenseur des droits humains Yang Maodong, qui est âgé de 48 ans –, a été déclaré coupable d’avoir « rassemblé une foule dans un lieu public dans le but de troubler l’ordre public » et « suscité des polémiques et provoqué des troubles » par un tribunal de Guangzhou, dans le sud de la Chine.

Deux autres militants, Liu Yuandong, 37 ans, et Sun Desheng, 32 ans, ont été condamnés respectivement à trois ans et à deux ans et demi d’emprisonnement pour avoir « rassemblé une foule dans un lieu public dans le but de troubler l’ordre public ».

« Il est désolant de voir que des gens qui militent pour la liberté de la presse et la démocratie sont soumis à la torture et à d’autres mauvais traitements et condamnés à de longues peines d’emprisonnement à l’issue d’un simulacre de procès, a déclaré Roseann Rife, directrice des recherches sur l’Asie de l’Est à Amnesty International.

« Ces trois militants ont simplement exercé leurs droits fondamentaux et demandé de façon légitime que le peuple chinois ait davantage son mot à dire quant à l’avenir de son pays. La réponse des autorités a été effrayante. Elle a consisté une fois de plus à montrer que quiconque apparaît comme contestant le gouvernement est sévèrement sanctionné. »

Les trois hommes ont participé à une manifestation contre la censure des médias en janvier 2013, après que des hauts responsables du Parti communiste eurent déclenché une vague d’indignation en modifiant l’éditorial du journal Southern Weekly, qui demandait plus de droits civils et politiques ainsi que le respect de la Constitution chinoise.

Guo Feixiong est en détention depuis le 8 août 2013. Son procès et celui de Sun Desheng se sont tenus il y a un an, les 22 et 23 novembre 2014. Le procès de Liu Yuandong a pris fin en janvier 2014, et depuis 22 mois il attend le verdict. Les trois hommes ont été soumis à la torture et à d’autres formes de mauvais traitements pendant leur détention prolongée.

Guo Feixiong avait mené une campagne appelant les autorités chinoises à respecter les droits civils et politiques, et il avait demandé au gouvernement de ratifier enfin le Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

Ce traité international protège le droit à la liberté d’expression et le droit de réunion pacifique, entre autres. La Chine l’a signé en octobre 1998, il y a plus de 16 ans, mais elle ne l’a toujours pas ratifié bien qu’elle ait à de nombreuses reprises déclaré son intention de le faire.

Des procès inéquitables

Les procès des trois militants ont été marqués par des violations graves et répétées des règles de procédure, notamment des restrictions des droits de la défense. Chose très inhabituelle, le procès de Guo Feixiong et de Sun Desheng, qui a eu lieu il y a un an, a duré 18 heures sans interruption ; les avocats de la défense n’ont ainsi pas pu faire de pause.

Les autorités ont placé en détention des témoins-clés de la défense ou les ont forcés à quitter Guangzhou à l’approche du procès, afin de les empêcher de témoigner. Le juge a de nombreuses fois interrompu les avocats de Guo Feixiong, qui n’ont pas eu la possibilité de présenter une défense complète. La cour a en outre privé illégalement Guo Feixiong de son droit de faire une déclaration finale.

« Les autorités ont de nouveau affiché leur mépris à l’égard des droits en faveur desquels Guo Feixiong menait courageusement campagne, a déclaré Roseann Rife.

«  L’emprisonnement de Guo Feixiong montre que quand les autorités veulent réduire au silence des militants, tous les règlements et textes de loi chinois et toutes les déclarations faites par les autorités devant l’ONU sur la défense des droits humains n’ont plus aucune valeur. »

Torturés en détention

Selon leurs avocats, Guo Feixiong et Liu Yuandong n’ont pas été autorisés à sortir dehors durant les plus de 800 jours au cours desquels ils ont été détenus, ce qui constitue une violation des normes internationales minimales relatives au traitement des détenus ainsi que des dispositions régissant les centres de détention en Chine. D’après son avocat, Sun Desheng a été contraint de porter des menottes aux poignets et aux chevilles pendant de longues périodes. Il a aussi souffert de blessures dues au fait qu’on lui a écrasé la tête contre un mur pendant sa détention.

La torture et les autres formes de mauvais traitements infligés dans les lieux de détention et durant les périodes prolongées de détention provisoire sont des motifs de préoccupation qui ont été évoqués par les experts du Comité des Nations unies contre la torture lors de l’examen de la mise en œuvre par la Chine de la Convention contre la torture, à Genève la semaine dernière.

Guo Feixiong avait déjà été arrêté en février 2006 et condamné à cinq ans d’emprisonnement en novembre 2007 pour des accusations d’« activités commerciales illégales » après qu’il eut publié un livre intitulé Le tremblement de terre politique de Shenyang. Il a été soumis à plusieurs formes de torture au cours de sa détention ; il a notamment été frappé tout en étant pendu par les bras et les jambes, et a reçu des décharges électriques infligées avec une matraque électrique sur le visage et les organes génitaux. Guo Feixiong était sorti de prison en septembre 2011.

En septembre de cette année, il a reçu le prestigieux prix Front Line Defenders pour ses activités de militant des droits humains.

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