CHINE. Taiwan procède à ses premières exécutions depuis cinq ans

Communiqué de presse

30 avril 2010

Amnesty International a condamné les quatre exécutions qui viennent d’avoir lieu à Taiwan, les premières depuis décembre 2005.

Chang Chun-hung, Hung Chen-yao, Ko Shih-ming et Chang Wen-wei ont été exécutés dans des prisons de Taipei, Tainan et Taichung dans la soirée de ce vendredi 30 avril 2010.

D’après les informations parvenues à l’organisation, le nouveau ministre de la Justice Tseng Yung-fu venait de déclarer, deux semaines auparavant, que son objectif ultime était l’abolition de la peine de mort.

«  Ces exécutions assombrissent sensiblement le bilan de Taiwan en matière de droits humains ; elles sont en contradiction flagrante avec les précédentes déclarations du ministre de la Justice concernant son intention d’abolir la peine capitale », a indiqué Catherine Baber, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

L’attention de la communauté internationale avait été attirée sur la question de la peine de mort à Taiwan à la suite de la démission de la précédente ministre de la Justice, Wang Ching-feng, en mars dernier. Celle-ci avait refusé de signer des ordres d’exécution en raison de son opposition à ce châtiment.

« Le monde entier s’attendait à ce que les autorités taiwanaises choisissent les droits humains et prennent la tête d’un mouvement vers l’abolition de la peine capitale dans la région Asie-Pacifique. Les exécutions d’aujourd’hui ont anéanti cet espoir, » a déclaré Catherine Baber.

L’association taiwanaise Alliance pour l’abolition de la peine de mort a fait part de ses préoccupations quant à la légalité de ces mises à mort.

Les autorités de Taiwan ont déclaré ce 30 avril qu’elles étudient toujours des solutions de substitution à la peine de mort, intentions qui n’ont pas beaucoup de valeur tant que les exécutions se poursuivent.

Cent trente-neuf pays ont aboli la peine capitale en droit ou en pratique. Amnesty International prie les autorités taiwanaises de décréter immédiatement un moratoire sur les exécutions et de prendre toutes les mesures nécessaires pour l’abolition de la peine de mort dans le pays.

Complément d’information

Amnesty International est opposée en toutes circonstances à la peine capitale car elle constitue le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit, ainsi qu’une violation du droit à la vie.

L’organisation considère que la peine capitale donne une apparence légitime à un acte de violence irréparable commis par l’État. Les informations recueillies indiquent que la peine de mort est souvent appliquée de façon discriminatoire et qu’elle touche de manière disproportionnée les pauvres, les minorités et les membres de certains groupes raciaux, ethniques et religieux. La peine de mort est fréquemment prononcée à l’issue de procès contraires aux règles d’équité les plus élémentaires.

Toutefois, même quand les procès respectent les normes internationales en matière d’équité, le risque d’exécuter un innocent ne peut pas toujours être totalement écarté – tôt ou tard, la peine de mort sera inévitablement appliquée à un innocent, comme cela a déjà été prouvé à maintes reprises. Aucune étude scientifique n’a réussi à démontrer de manière convaincante que la peine de mort avait un effet plus dissuasif que les autres châtiments.

L’Assemblée générale des Nations unies a adopté, en décembre 2007 et 2008, à une écrasante majorité des États, deux résolutions appelant à un moratoire mondial sur les exécutions, dans la perspective de l’abolition de la peine de mort.

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