« Nous condamnons l’attaque violente du 4 janvier contre l’organisation antiraciste KISA, qui soulève de sérieuses inquiétudes quant à la sécurité des défenseur·e·s des droits humains dans le pays. Cependant, elle ne vient pas de nulle part. La violence raciste augmente à Chypre, et KISA et ses bénévoles ont été la cible de menaces répétées, d’attaques verbales et de campagnes de diffamation [1] en rapport avec leur travail qui consiste à aider les personnes réfugiées et migrantes et à dénoncer les crimes motivés par la haine, a déclaré Kondylia Gogou, chercheuse sur Chypre à Amnesty International.
« Les autorités chypriotes doivent adresser un message clair et faire savoir qu’elles ne tolèreront pas les attaques contre les défenseur·e·s des droits humains et les ONG. Elles doivent mener une enquête rapide, approfondie, indépendante et impartiale sur les événements de la nuit dernière, en privilégiant l’hypothèse selon laquelle ils sont en rapport avec le travail en faveur des droits humains et la lutte contre le racisme de KISA. Enfin, elles doivent prendre sans attendre des mesures efficaces afin de protéger la sécurité du personnel et des militant·e·s de KISA. »
Complément d’information
Le 5 janvier à l’aube, les locaux de l’ONG KISA ont été visés par un engin explosif improvisé placé à l’extérieur de ses bureaux. L’explosion a gravement endommagé les locaux, notamment les fenêtres, les photocopieurs et les ordinateurs.
Ces dernières années, KISA et ses bénévoles et militant·e·s auraient reçu de nombreuses menaces et subi du harcèlement de la part de groupes anti-migrants et nationalistes.
Selon les informations reçues, malgré les plaintes déposées auprès des autorités, les enquêtes sur les menaces n’ont pas encore abouti à un résultat connu.
En août et septembre 2023, des personnes racisées, dont des personnes réfugiées et migrantes, ont été victimes d’attaques similaires à des pogroms à Chloraka et Limassol. Auparavant, début 2023, des attaques racistes avaient eu lieu à Limassol et en janvier 2022 à Chloraka. En 2023, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI) a noté que le discours public dans le pays se faisait « de plus en plus xénophobe ».
En décembre 2020, à la suite d’un amendement à la loi sur les associations, KISA a été radiée du registre des associations et une procédure de dissolution a été engagée. KISA a fait appel de cette décision devant la Cour d’appel du pays, une procédure toujours en instance ; bien qu’elle soit enregistrée en tant que société à but non lucratif, KISA fonctionne en devant surmonter de nombreux obstacles.