Cette action menée conjointement en République tchèque, au Canada et en Espagne a pour objectif de dénoncer le manque de contrôle de la part des grandes entreprises high-tech quant à la provenance du cobalt qu’elles utilisent, ce dernier étant extrait en grande partie en République démocratique du Congo qui produit au moins 50% du cobalt mondial dans des conditions inhumaines, notamment par des enfants âgés à peine de 7 ans. Alors que l’OIT considère le secteur minier comme le plus dangereux pour les enfants, l’UNICEF estime qu’ils seraient quelque 40.000 à travailler dans des mines du sud de la RDC, dont la plupart sont des mines de cobalt.
Le 19 janvier dernier, un rapport d’Amnesty International intitulé « Voilà pourquoi on meurt » révélait que de grandes marques électroniques comme Apple, Samsung, Huawei et Sony n’effectuent pas les contrôles élémentaires afin de vérifier que la fabrication de leurs produits n’intègre pas de cobalt extrait dans des mines où travaillent des enfants dans des conditions périlleuses.
En vue de la publication de ce rapport, Amnesty International a eu l’occasion de s’entretenir avec des mineurs, dont des enfants qui travaillent jusqu’à 12 heures par jour dans les mines, transportant de lourdes charges, pour gagner entre un et deux dollars par jour.
« Il est temps que les grandes marques électroniques, comme Apple, Huawei, Sony ou Samsung, prennent leurs responsabilités et adoptent les mesures nécessaires pour mettre un terme aux conditions de travail inhumaines dans les mines où sont extraites les matières premières qui composent les objets qui leur rapportent des milliards de dollars », explique Philippe Hensmans, directeur de la section belge francophone d’Amnesty International.
Amnesty International demande également aux entreprises concernées de s’assurer auprès de leurs fournisseurs que si l’extraction de cobalt a lieu dans des zones à haut risque ou de conflit, elle ne favorise pas le financement des groupes armés, et de veiller à ne pas acheter de cobalt extrait grâce au travail des enfants ni dans des conditions dangereuses.
Par ailleurs, Amnesty International a appelé l’Union européenne à adopter une régulation forte et efficace qui exige des compagnies qui importent ces minerais dans l’UE, sous quelle que forme que ce soit, de faire des contrôles de base durant toute la chaîne de production et de vérifier l’origine des minerais en s’assurant que ceux-ci ne proviennent pas de régions affectées par des conflits ou d’endroits présentant des risques élevés de violations de droits humains.
« Nous sommes extrêmement préoccupés de constater que les négociations en cours actuellement vont dans la mauvaise direction et que l’Union européenne refuse la mise en oeuvre d’un mécanisme contraignant tout au long de la chaîne de production, explique Montserrat Carreras, chargé du plaidoyer politique au sein de la section belge francophone d’Amnesty International. Nous demandons dès lors au Parlement européen de continuer à faire pression pour favoriser le respect des standards de l’OCDE. »
Une pétition lancée en avril dernier, et déjà signée par près de 10.000 personnes en Belgique, propose d’interpeller les fabricants de smartphones, tablettes, etc. afin de leur demander d’être transparents quant à leur chaîne de production.