Colombie. Des milliers de civils pris pour cibles parce qu’ils restent en dehors du conflit

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COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Les forces de sécurité colombiennes, les groupes paramilitaires et les mouvements de guérilla sanctionnent les personnes qui refusent de s’impliquer dans le conflit qui sévit en Colombie, a déclaré Amnesty International ce mardi 24 février 2009.

Cette déclaration préfigure le lancement d’une nouvelle campagne au nom de plusieurs « communautés en résistance », composées de civils qui prennent position de manière active et souvent risquée pour défendre leur droit de ne pas être entraînés dans le conflit armé et sanglant qui déchire depuis longtemps la Colombie.

Les communautés d’origine africaine des bassins du Jiguamiandó et du Curvaradó, dans le département du Chocó, qui se sont proclamées « zones humanitaires », et la « communauté de paix » de petits paysans de San José de Apartadó, dans le département d’Antioquia, comptent parmi ces « communautés en résistance » qui subissent depuis des années les attaques des deux camps, simplement parce qu’elles défendent leur droit en tant qu’entités civiles de rester en dehors du conflit.

« Les communautés afro-colombiennes, indigènes et paysannes sont parmi les plus touchées par le conflit, a expliqué Marcelo Pollack, chercheur sur la Colombie à Amnesty International. Certaines attaques sont destinées à décourager toute tentative de mettre sur pied d’autres communautés ou à sanctionner ceux qui ont déjà pris position. Tandis que d’autres ont pour objectif de pousser les communautés à quitter des terres riches en ressources naturelles ou revêtant une importance stratégique pour l’un ou l’autre camp.

« Le conflit qui ravage la Colombie depuis quarante ans est émaillé d’un très grand nombre de communautés brisées et de tragédies humaines, a ajouté Marcelo Pollack. Plutôt que de s’attaquer à ceux qui défendent leur droit de rester en dehors du conflit, les forces de sécurité, les paramilitaires et les guérilleros devraient les respecter. »

Au cours du conflit colombien, des communautés entières se sont retrouvées isolées et prises au piège, incapables de se procurer de la nourriture et des médicaments en raison des combats ou des restrictions de déplacement imposées par les belligérants, qui font souvent valoir que ces biens sont destinés à leurs ennemis.

Les violences en Colombie ont entraîné le déplacement forcé de 3 à 4 millions de personnes, qui ont dû fuir leur foyer après avoir reçu des menaces proférées par toutes les parties au conflit. Seul le Soudan bat ce triste record.

Les communautés afro-colombiennes des bassins des rivières Jiguamiandó et Curvaradó ont instauré plusieurs « zones humanitaires » dans la région, en vue de protéger leurs membres contre les attaques et d’empêcher les plantations illégales de palmiers à huile d’empiéter sur leurs terres, mais aussi de faire savoir avec fermeté aux belligérants qu’ils doivent respecter leurs droits en tant que civils.

La « communauté de paix » de San José de Apartadó a été fondée en mars 1997 par des civils qui se sont engagés à ne pas prendre part au conflit et à ne pas s’y laisser entraîner. Ses membres refusent de porter les armes ou de fournir une quelconque information ou aide logistique aux belligérants. Les forces de sécurité et les paramilitaires la qualifient de subversive, tandis que les mouvements de guérilla l’accusent de collaborer avec leurs ennemis.

Depuis la création de cette communauté de paix, plus de 170 de ses membres ont été tués ou victimes de disparitions forcées. Le samedi 21 février 2009, la communauté commémorait le 4e anniversaire du massacre de huit de ses membres le 21 février 2005. L’information judiciaire a impliqué des agents des forces de sécurité et des paramilitaires dans ces meurtres.

Amnesty International engage les autorités colombiennes à mener des enquêtes et à traduire en justice tous les auteurs présumés d’atteintes aux droits humains visant les membres de ces « communautés en résistance », et à prendre de toute urgence les mesures qui s’imposent pour garantir leur sécurité, conformément aux souhaits de ces communautés.

Tous les belligérants doivent aussi respecter le droit à la vie des membres de ces communautés, et d’autres communautés civiles, et veiller à ce qu’ils ne soient pas précipités dans le conflit.


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