« Face à la pandémie de COVID-19 à laquelle nous sommes confrontés, les inquiétudes quant à la situation précaire des personnes privées de liberté sur tout le continent grandissent. En Colombie, la surpopulation carcérale rend impossible l’isolement des personnes qui pourraient avoir contracté le virus. De plus, l’accès limité aux services de santé et aux produits d’hygiène, ainsi que le manque d’approvisionnement en eau courante renforcent les risques d’exposition au virus et menacent les chances de guérison, Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.
« En Colombie, la surpopulation carcérale rend impossible l’isolement des personnes qui pourraient avoir contracté le virus »
« Personne ne doit être laissé pour compte face à cette pandémie. Le gouvernement colombien doit immédiatement mettre en place une stratégie de prévention de la contagion de la population carcérale, et notamment une stratégie de réduction de la surpopulation. Pour cela, il doit envisager de libérer les personnes en détention provisoire et d’accorder une libération conditionnelle ou anticipée aux détenus en situation de risque. En outre, les autorités doivent mener une enquête exhaustive, impartiale et indépendante sur le recours à la force pendant les opérations de contrôle des émeutes et les raisons pour lesquelles des personnes ont été tuées et blessées, en vue de garantir l’accès à la vérité, à la justice et aux réparations pour les victimes et leur famille. »
D’après un rapport du Bureau du médiateur [1], le taux de surpopulation des prisons colombiennes est de 50 %. Quelque 121 670 personnes sont détenues dans les 134 prisons du pays, qui ne sont prévues pour accueillir que 80 763 personnes. À cet égard, le Mouvement national carcéral (Movimiento Nacional Carcelario) a averti qu’une épidémie de coronavirus dans les centres pénitentiaires serait très dangereuse, car ces établissements ne disposent pas de suffisamment d’installations sanitaires ni de moyens d’assurer l’hygiène et la prévention pour les personnes qui y sont détenues.
Les États sont tenus de garantir le droit à la santé de toutes les personnes privées de liberté et de veiller à ce qu’elles aient accès à des soins médicaux de même qualité que ceux disponibles dans la société. Le gouvernement colombien doit prendre des mesures adaptées pour éviter la propagation du COVID-19 au sein des centres de détention, et, dans le cas où le virus se propagerait, il doit veiller à ce que les personnes privées de liberté aient accès à des soins médicaux spécialisés sans entrave. Il doit en outre allouer des fonds et des ressources spécifiques destinés exclusivement à la mise en œuvre de mesures de santé et d’hygiène dans les centres de détention.
Afin de réduire la population carcérale, les autorités doivent envisager de libérer les personnes en détention provisoire et d’accorder une libération anticipée ou conditionnelle aux détenus en situation de risque en cas de propagation du virus, notamment les personnes âgées et celles souffrant de pathologies sous-jacentes ou ayant un système immunitaire faible.