COLOMBIE : La communauté internationale doit exiger des actes en faveur du respect des droits humains

Index AI : AMR 23/002/2005

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

La communauté internationale doit réaffirmer son engagement à respecter les
recommandations des Nations unies relatives aux droits humains comme
principe cadre à la résolution du conflit armé en cours depuis trop
longtemps en Colombie. Toute somme déboursée au titre de l’assistance
internationale doit avoir pour condition l’engagement du gouvernement
colombien à appliquer de façon pleine et entière ces recommandations, a
déclaré Susan Lee, directrice du programme Amérique d’Amnesty International,
ce mardi 1er février, à la veille de la rencontre sur la coopération
internationale qui doit se tenir les 3 et 4 février 2005 à Cartagena en
Colombie.

« La situation humanitaire et relative aux droits humains en Colombie reste
critique, avec des civils pris pour cible par toutes les parties au conflit
 soldats, paramilitaires soutenus par l’armée et guérilla », selon Susan
Lee.

Bien qu’un certain nombre d’indicateurs de la violence politique soient en
baisse, comme le nombre d’enlèvements par exemple, les cas signalés de
torture et de « disparitions » sont de plus en plus nombreux, de même que
les affaires d’exécutions extrajudiciaires par des membres des forces de
sécurité. Plus de 220 000 personnes ont été contraintes de quitter leur
foyer l’année dernière, tandis que des centaines de civils ont été arrêtés,
souvent arbitrairement, par les forces de sécurité.

En 2003, la communauté internationale a adopté la Déclaration de Londres,
par laquelle elle exprimait sa vive préoccupation concernant la crise
humanitaire et la situation des droits humains en Colombie ; elle demandait
également au gouvernement colombien de mettre promptement en application les
recommandations des Nations unies relatives au respect des droits humains et
de prendre des mesures effectives pour mettre fin à toute impunité et à
toute collusion, avec des groupes paramilitaires en particulier.

De graves questions sont toujours sans réponse au sujet du processus de
démobilisation des paramilitaires. Depuis qu’ils ont annoncé un
cessez-le-feu en 2002, ils sont accusés de plus de 1 900 morts et « 
disparitions ». Certains homicides ont été commis par des unités
paramilitaires considérées comme démobilisées. Amnesty International
continue de rassembler des informations faisant apparaître de forts liens
entre les forces de sécurité et les paramilitaires.

De nombreux paramilitaires démobilisés se sont également « recyclés » en
devenant informateurs pour les forces de sécurité. De nombreux militants de
défense des droits sociaux et des droits humains ont été placés en détention
sur la base d’éléments de preuve souvent faux fournis par ces informateurs.

Un cadre juridique légal pour la démobilisation n’est toujours pas en place,
alors qu’un nouveau Code de procédure pénale menace de donner au procureur
général le pouvoir de bloquer toute enquête criminelle visant des personnes
soupçonnées d’atteintes aux droits humains. Cela fait craindre que les
auteurs d’atteintes aux droits humains, qu’il s’agisse de membres des forces
de sécurité, de paramilitaires ou de membres de la guérilla, ne soient
jamais traduits en justice.

« Nous avons toujours appelé les gouvernements colombiens à combattre et
démanteler les groupes armés illégaux, mais toute démobilisation doit se
faire conformément aux normes internationales de vérité, justice et
réparation, autrement ces efforts ne feront que renforcer l’impunité dont
jouissent les auteurs d’atteintes aux droits humains », a déclaré Susan Lee.

Amnesty International demande aux pays du G24 de participer à la rencontre,
organisée le 2 février à Cartagena par la coalition Alianza regroupant des
ONG colombiennes, pour débattre de la mise en œuvre des recommandations des
Nations unies avec ceux qui se trouvent à la pointe du combat pour le
respect des droits humains.

À Cartagena, la communauté internationale doit envoyer un message fort
exprimant son inquiétude face aux échecs répétés du gouvernement colombien à
appliquer de façon pleine et entière les recommandations des Nations unies
relatives au respect des droits humains ; elle doit réaffirmer son soutien
au bureau du haut-commissaire aux droits de l’homme des Nations unies en
Colombie ; elle doit condamner les atteintes aux droits humains
internationaux et au droit international humanitaire par toutes les parties
au conflit ; elle doit redire qu’elle ne soutiendra aucun processus de
démobilisation et n’apportera son appui à aucune proposition de loi qui ne
prendrait pas totalement en compte le droit des victimes à la vérité, à la
justice et à obtenir réparation et ne garantirait pas le retrait effectif du
conflit des combattants.

« Le gouvernement colombien n’a pas seulement échoué à se conformer aux
recommandations des Nations unies, mais il a cherché à mettre en œuvre une
politique allant à l’encontre de ces recommandations. Il est donc temps pour
la communauté internationale de soutenir la création d’un mécanisme
international de contrôle chargé de s’assurer des efforts du gouvernement
colombien pour mettre en œuvre ces recommandations une fois pour toutes », a
conclu Susan Lee.

Complément d’information

La rencontre de Cartagena, à laquelle assisteront les pays donateurs du G24,
le gouvernement colombien, la Banque interaméricaine de développement, les
Nations unies et des représentants de la société civile colombienne,
notamment des ONG actives dans la défense des droits humains, intervient
après la rencontre des pays donateurs en juillet 2003 à Londres, qui s’était
conclue par la Déclaration de Londres.

Le gouvernement colombien s’est engagé à respecter les recommandations des
Nations unies concernant le respect des droits humains en adhérant à la
Déclaration de Londres et s’est engagé à les mettre en application suivant
la déclaration du président de la 60ème session de la Commission des droits
de l’homme des Nations unies appelant à la mise en application de ces
recommandations. Ces recommandations sont également conformes aux normes
relatives au respect des droits humains auxquelles l’État colombien se doit
d’adhérer en tant que signataire des normes internationales relatives aux
droits humains.

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