Colombie. Les autorités doivent assurer la sécurité de la juge dans un dossier clé concernant des atteintes aux droits humains

Déclaration publique

Index AI : AMR 23/014/2011 (Public)

AILRC-FR

3 mai 2011

Amnesty International s’est déclarée inquiète, mardi 3 mai, pour la sécurité de la juge María Cristina Trejos Salazar, le président Juan Manuel Santos ayant semblé mettre en doute la validité de sa décision de condamner un général d’armée à la retraite pour de graves atteintes aux droits humains.

Le 28 avril, la juge a condamné Jesús Armando Arias Cabrales, général à la retraite, à 35 années d’emprisonnement pour son rôle dans la disparition forcée de 11 personnes en novembre 1985, lors de la prise d’assaut, par les forces militaires, du palais de justice de Bogotá dans lequel des membres du M-19, un groupe de guérilleros, retenaient des personnes en otage. Le siège et l’opération militaire avaient fait plus de 100 morts.

À l ‘annonce du jugement, le 30 avril, le président Santos aurait déclaré qu’il n’y avait aucune preuve que le général Cabrales à la retraite ait eu « une quelconque relation directe avec les crimes qui auraient été commis lors de l’assaut du palais de justice » et que cette condamnation n’était pas « saine pour le pays ».

En juin 2010, une autre juge a condamné Luis Alfonso Plazas Vega, colonel à la retraite, à 30 années de réclusion pour son rôle dans le même crime. Les deux condamnations font l’objet d’un appel.

La juge qui a condamné le colonel à la retraite Plazas Vega a reçu de nombreuses menaces au cours du procès et a été contrainte de fuir le pays, craignant pour sa vie. Des avocats représentant certaines des victimes du palais de justice ont également été menacés à plusieurs reprises.

« Le gouvernement doit s’abstenir de tout nouveau commentaire remettant en question cette dernière décision de justice et, plus généralement, l’indépendance des magistrats. De tels commentaires ne peuvent que nuire aux enquêtes en cours mettant en cause d’autres hauts responsables de l’armée impliqués dans les disparitions du palais de justice et pourraient être perçus comme une carte blanche donnée à ceux qui voudraient s’en prendre à la juge María Cristina Trejos », a déclaré Marcelo Pollack, chercheur pour la Colombie à Amnesty International.

Juges, avocats, témoins, procureurs, victimes et défenseurs des droits humains participant à des enquêtes criminelles dans des affaires traitant des droits humains ont souvent été la cible de menaces et d’homicides. Ces types d’attaques sont l’un des piliers sur lesquels repose l’un des taux d’impunité les plus élevés au monde en Colombie.

Étant donné le risque accrû auquel est maintenant exposée la juge María Cristina Trejos du fait de sa décision sans précédent à l’encontre du général à la retraite Cabrales, le gouvernement doit également veiller à ce que, comme cela a été convenu avec elle, elle bénéficie de mesures effectives de protection », a déclaré Marcelo Pollack.

La juge Trejos enquête également sur un autre général à la retraite, Iván Ramírez Quintero et sur le colonel à la retraite Edilberto Sánchez Rubian pour leur responsabilité présumée dans les disparitions forcées.

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