COLOMBIE : Les droits humains encore une fois battus en brèche

COLOMBIE : Les droits humains encore une fois battus en brèche

Index AI : AMR 23/011/2004
ÉFAI

Mardi 24 février 2004

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

Il est extrêmement inquiétant de constater que le gouvernement colombien
poursuit la campagne qu’il a engagée pour délégitimer l’action du mouvement
de défense des droits humains en Colombie, a déclaré Amnesty International,
après l’arrestation, le 18 février dernier, de deux militants de
l’Asociación Campesina de Arauca (ACA, Association paysanne d’Arauca), Luz
Perly Córdoba et Juan de Jesús Gutiérrez.

Présidente de l’ACA, Luz Perly Córdoba a été arrêtée à Bogotá. Elle est
accusée de rébellion et d’association de malfaiteurs. Ces accusations
reposeraient uniquement sur les déclarations d’indicateurs, et non sur les
conclusions d’une enquête judiciaire sérieuse et impartiale.

Victime de menaces de mort de la part de groupes paramilitaires proches de
l’armée régulière, Luz Perly Córdoba bénéficie de mesures de protection
décidées par la Commission interaméricaine des droits de l’homme.

Juan de Jesús Gutiérrez est quant à lui trésorier de l’association. Il a été
arrêté à Arauquita, dans le département d’Arauca, avant d’être transféré
dans les locaux de la structure d’appui de la fiscalía au sein de la 18e
Brigade des forces armées, à Arauca même.

Parallèlement à ces deux arrestations, les bureaux de l’ACA à Arauquita et
le domicile d’une autre dirigeante de l’organisation, Nubia Vega, situé lui
aussi à Arauquita, ont été fouillés par des inconnus.

Les membres de l’ACA ont été à plusieurs reprises victimes d’assignations,
de violations de domicile et de menaces de la part des forces armées.

Ces interpellations coïncident avec la publication du rapport d’une ONG
colombienne, qui indique que 90 p. cent des arrestations effectuées dans le
cadre du conflit armée sont arbitraires. Un autre rapport, émanant celui-là
du Ministère public, reconnaît que nombre des arrestations massives menées
par les agents de la force publique et de la fiscalía sont entachées
d’irrégularités.

Amnesty International partage ces préoccupations, constatant l’existence
d’une véritable campagne visant à discréditer l’action du mouvement social,
par des manœuvres judiciaires fondées sur des accusations et des soupçons
émanant de forces armées elles-mêmes mises en cause par les ONG dans de
multiples violations des droits humains.

« Nous sommes confrontés à une stratégie coordonnée et minutieusement
planifiée, destinée à réduire au silence les militants des droits humains,
afin de donner l’impression que la situation s’est améliorée, a déclaré
Amnesty International. La loi qui accorde aux forces armées des pouvoirs de
police judiciaire, récemment adoptée par le Congrès, menace de renforcer
cette stratégie et l’arbitraire. »

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