Colombie-Union européenne : l’aide de l’UE ne doit pas contribuer à la crise des droits humains.

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DE L’ASSOCIATION D’AMNESTY INTERNATIONAL POUR L’UNION EUROPÉENNE

Lundi 7 juillet 2003

(Bruxelles, 7 juillet 2003) Lors des rencontres préparatoires à la réunion de ce jeudi sur l’aide internationale à la Colombie, à laquelle participeront la Commission européenne et des représentants des États membres de l’UE, Amnesty International a demandé à l’UE de garantir que toute aide apportée à la Colombie à l’avenir ne sera pas détournée au profit d’activités ou de groupes susceptibles de contribuer à l’aggravation de la situation des droits humains dans le pays.

Ce lundi 7 juillet, l’Association d’Amnesty International pour l’Union européenne a publié une brochure comportant neuf recommandations. Celles-ci portent sur la conduite à tenir par l’UE et ses États membres lors d’une réunion cruciale sur l’aide à la Colombie, qui se tiendra jeudi à Londres (voir « Colombie : Briefing to the European Unions », à télécharger sur http://www.amnesty-eu.org <http://www.amnesty-eu.org/> , page « documents »).

Parmi ces recommandations, Amnesty International demande à l’UE de :

 s’assurer que l’argent de l’aide ne tombera pas entre les mains de paramilitaires ou de membres de la guérilla, en particulier au vu de la ligne politique récemment adoptée par le gouvernement colombien, qui risque de déboucher sur une reconnaissance officielle des paramilitaires ;

 demander fermement au gouvernement du président Alvaro Uribe qu’il mette en œuvre sans restriction les recommandations des Nations unies relatives aux droits humains ;

 demander aux États membres de refuser toute aide militaire à la Colombie, de quelque nature qu’elle soit ;

 faire en sorte que les organisations représentant les défenseurs des droits humains en Colombie, les acteurs humanitaires, les communautés déplacées, les partisans de la paix, les syndicalistes, les paysans ainsi que les communautés indigènes et afro-colombiennes, bénéficient d’une représentation adéquate lors des réunions de bailleurs de fond relatives à l’aide à la Colombie.

« Depuis que les pourparlers de paix ont été rompus entre le gouvernement colombien et le principal groupe d’opposition armé, les Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), la politique de l’administration du président Uribe en matière de sécurité n’a fait qu’aggraver la crise déjà sévère des droits humains dans ce pays », a déclaré Gabriele Juen, responsable à l’Association d’Amnesty International pour l’Union européenne.

L’année dernière en Colombie, plus de 4 000 civils ont été tués pour des motifs politiques, au moins 500 personnes ont « disparu », plus de 400 000 ont été déplacées - du jamais vu - et au moins 1 500 personnes ont été enlevées par des groupes armés, appartenant en majorité à la guérilla. Selon Amnesty International, même si la guérilla a commis des violations nombreuses et régulières du droit international humanitaire, les forces de sécurité et leurs alliés paramilitaires sont responsables d’environ 80% des homicides à caractère politique, et de 90% des « disparitions » forcées.

« L’Union européenne et ses États membres qui entretiennent à titre individuel des liens commerciaux développés avec la Colombie peuvent jouer un rôle important lors de la réunion de jeudi, en envoyant un message fort au gouvernement colombien : la communauté internationale ne tolérera pas que la Colombie continue à bafouer les recommandations des Nations unies relatives aux droits humains », a déclaré Gabriele Juen.

« La crise des droits humains ne sera résolue que si le gouvernement colombien met en œuvre sans restrictions les recommandations des Nations unies. Sinon, toute aide internationale à ce pays ne pourra qu’aggraver une situation déjà tragique ».

« Nous demandons à l’UE de faire en sorte que les ONG colombiennes bénéficient d’une représentation adéquate lors de ces réunions, et que leurs préoccupations soient pleinement prises en compte. L’UE doit en particulier continuer à financer et à soutenir politiquement les ONG qui dénoncent les violations des droits humains et du droit international humanitaire, et qui subissent harcèlement et menaces depuis plusieurs mois », a ajouté Gabriele Juen.

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