COLOMBIE:Visite du président colombien à Bruxelles et à Strasbourg

Le gouvernement colombien ne dit pas tout : des défenseurs des droits
humains et des civils sont toujours menacés

Index AI : AMR 23/009/2004
ÉFAI

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU BUREAU EUROPÉEN D’AMNESTY INTERNATIONAL

Bruxelles — À l’heure où les dirigeants de l’Union européenne (UE) et les
députés du Parlement européen s’apprêtent à recevoir le président colombien
Alvaro Uribe, en visite à Bruxelles et à Strasbourg les 9 et 10 février
2004, Amnesty International exhorte l’Union européenne à ne pas soutenir des
orientations qui risqueraient d’exacerber la crise relative aux droits
humains dans le pays.

En effet, bien que le gouvernement colombien affirme mener une « politique
de sécurité démocratique » qui fonctionne bien et qui a fait baisser le
nombre d’homicides et d’enlèvements, Amnesty International a reçu des
informations indiquant, au contraire, que les homicides et les « 
disparitions » étaient en augmentation dans plusieurs zones touchées par le
conflit.

Pas plus tard que la semaine dernière, l’organisation a lancé une action
urgente internationale en faveur de plusieurs syndicalistes colombiens de
premier plan, membres de l’Asociación de Educadores de Arauca (ASEDAR,
Association des enseignants d’Arauca), qui avaient reçu des menaces de mort
émanant apparemment de formations paramilitaires soutenues par l’armée.

« Il est possible que le président colombien profite de cette visite pour
demander à l’Union européenne un soutien supplémentaire pour sa politique de
sécurité, et en particulier pour ses méthodes de démantèlement des groupes
paramilitaires. Or, l’Union européenne devrait regarder de plus près ce qui
ce passe réellement dans le pays, a déclaré Dick Oosting, directeur de
l’Association d’Amnesty International pour l’Union européenne. Le processus
de démantèlement est loin d’être parfait. Le gouvernement colombien offre en
fait aux groupes paramilitaires la possibilité de se reformer sous une
nouvelle apparence juridique. Ils sont en effet "recyclés" sous la forme
d’entreprises de sécurité privées ou d’autres structures créées par le
gouvernement, sans avoir à rendre de comptes pour leur rôle dans les
atteintes aux droits humains.

« La politique actuelle du gouvernement colombien n’a pas apporté
d’amélioration significative de la situation en matière de droits humains
car elle favorise l’impunité et permet la poursuite des atteintes aux droits
fondamentaux. Elle risque de priver les victimes et leurs familles de leur
droit d’obtenir la vérité, la justice et des réparations.

« Par ailleurs, le gouvernement colombien affirme que le nombre de personnes
déplacées à l’intérieur du pays a considérablement diminué grâce à sa
politique. Or, ces affirmations ne tiennent pas compte du fait que la
plupart des mouvements de population sont actuellement cachés par une
tendance aux déplacements intra-urbains ; en outre, selon certaines
informations, de nombreuses personnes cherchant à fuir leur habitation en
sont empêchées physiquement par les forces de sécurité », a poursuivi Dick
Oosting. Le 4 février 2004, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les
réfugiés (HCR) a déclaré que, avec deux à trois millions de personnes
déplacées à l’intérieur du pays et presque 300 000 réfugiés ayant fui à
l’étranger, la Colombie était le théâtre de la troisième plus grave crise
humanitaire du monde, après celles de la République démocratique du Congo et
du Soudan.

Les militants des droits humains colombiens sont de plus en plus menacés, ce
qui complique encore leur tâche de surveillance des atteintes aux droits
humains. Amnesty International craint qu’ils ne soient l’objet d’une
stratégie coordonnée de l’armée et des groupes paramilitaires destinée à
affaiblir leur travail et à les mettre à la merci des attaques.

L’organisation appelle donc l’Union européenne à :

1. assumer sa responsabilité de veiller à ce que l’aide apportée à la
Colombie par l’UE et ses États membres n’entraîne pas de violations des
droits humains, que ce soit en connaissance de cause ou involontairement ;

2. exhorter le gouvernement colombien, dans des termes aussi forts que
possible, à prendre des mesures fermes et efficaces pour démanteler les
groupes paramilitaires, supprimer tous les liens entre ces derniers et les
forces de sécurité, et cesser de mener une politique qui risque de redonner
une légitimité aux formations paramilitaires ;

3. réitérer l’appel qu’elle a lancé récemment au gouvernement colombien pour
qu’il renonce à appliquer la réforme constitutionnelle qui confère aux
forces armées des pouvoirs de police judiciaire ;

4. continuer d’insister pour que les groupes de guérilla respectent le droit
international humanitaire et parviennent à un accord avec le gouvernement
pour protéger la population civile des répercussions du conflit.

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