La condamnation absurde du défenseur des droits humains Haris Ibrahim

La condamnation pour sédition de l’éminent avocat et défenseur des droits humains Haris Ibrahim met en lumière la détermination de la Malaisie à écraser toute forme de dissidence dans le pays, a déclaré Amnesty International jeudi 14 avril 2016.

« La condamnation du défenseur des droits humains Haris Ibrahim s’inscrit dans la lignée des actes absurdes à connotation politique visant à faire taire les voix dissidentes en Malaisie. Le gouvernement malaisien doit mettre fin aux poursuites visant les défenseurs des droits humains qui appellent à manifester pacifiquement et réclament des réformes électorales. S’il est incarcéré, Amnesty International considèrera Haris Ibrahim comme un prisonnier d’opinion, a déclaré Josef Benedict, directeur des campagnes d’Amnesty International pour l’Asie du Sud-Est.

« Cette affaire démontre à quel point il importe d’abroger la Loi relative à la sédition, loi répressive utilisée en toute impunité contre les détracteurs du gouvernement. De telles lois n’ont pas leur place dans une société moderne et respectueuse des droits. Le gouvernement malaisien doit l’abroger, annuler toutes les condamnations prononcées au titre de cette loi, et garantir la mise en place de protections rigoureuses pour que les citoyens puissent exercer pacifiquement leur droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. »

Complément d’information

Le militant malaisien des droits humains Haris Ibrahim a été déclaré coupable et condamné à huit mois de prison le 14 avril, pour avoir critiqué lors d’un forum la victoire du gouvernement malaisien aux dernières élections générales de 2013. Haris Ibrahim comptait parmi les nombreuses personnes inculpées au titre de la Loi de 1948 relative à la sédition en mai 2013, tout de suite après les élections générales. Les détracteurs du gouvernement ont alors été la cible d’une vague de poursuites judiciaires à motivation politique et d’incarcérations.

Pour la seule année 2015, au moins 91 personnes ont fait l’objet d’une arrestation, d’une inculpation ou d’une enquête pour sédition – près de cinq fois plus que durant les 50 premières années d’existence de cette loi.

En 2012, le Premier ministre Najib Razak s’est engagé à abroger cette loi ; or, non seulement le gouvernement est revenu sur cette promesse, mais il a en outre renforcé et élargi la portée et l’application de la Loi relative à la sédition. Une modification de cette loi, adoptée à la hâte par le Parlement en avril 2015 à l’issue d’une courte journée de débats, a ajouté la critique de la religion à la liste d’infractions relevant de la sédition et a réduit la marge de manœuvre des juges lorsqu’ils prononcent une condamnation, les obligeant à imposer des peines de prison d’une durée comprise entre trois et sept ans. En outre, elle a fait tomber les médias électroniques et les partages sur les médias sociaux sous le coup de cette loi.

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