Les attaques des autorités chinoises contre les militants des droits humains se poursuivent avec la condamnation de deux personnes ayant soutenu les manifestations organisées en faveur de la démocratie à Hong Kong en 2014, selon Amnesty International, qui a appelé à leur libération immédiate et sans condition.
Vendredi 31 mars, un tribunal de Foshan (sud de la Chine) a condamné la militante féministe Su Changlan à trois ans de prison pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État ». Il a également prononcé une peine de quatre ans et demi contre le militant Chen Qitang pour le même chef d’inculpation. Tous deux sont détenus depuis octobre 2014 pour avoir exprimé leur soutien aux manifestations en faveur de la démocratie à Hong Kong et le temps qu’ils ont déjà passé en détention sera déduit de leur peine.
« Les autorités chinoises se montrent sans pitié en condamnant Su Changlan et Chen Qitang à passer ne serait-ce qu’un jour supplémentaire en prison, a déclaré Patrick Poon, chercheur sur la Chine à Amnesty International.
« Elles tourmentent déjà ces deux militants et leurs proches depuis deux ans et demi en les détenant injustement et illégalement. Il est inadmissible qu’ils aient été condamnés uniquement pour avoir exprimé pacifiquement leur point de vue. »
L’acte d’inculpation du procureur révèle clairement que Su Changlan est persécutée en raison de ses critiques envers le Parti communiste et le gouvernement chinois, qu’elle a publiées sur des sites Internet étrangers, sur des réseaux sociaux et via Skype et Gmail.
Ces deux militants ont été pris pour cibles lors d’une vague de répression nationale en Chine continentale entre septembre et novembre 2014, au cours de laquelle au moins 100 personnes ont été arrêtées pour avoir exprimé leur soutien au « mouvement des parapluies » en faveur de la démocratie à Hong Kong. Quatre autres personnes arrêtées pendant la même période – Wang Mo, Xie Wenfei, Zhang Shengyu et Sun Feng – ont déjà été condamnées à des peines allant de quatre à cinq ans de prison pour « incitation à la subversion du pouvoir de l’État ».
Des conditions de détention « effroyables »
Su Changlan a indiqué qu’elle était détenue dans des conditions « effroyables ». Au centre de détention du district de Nanhai (sud de la Chine), elle était enfermée avec 50 à 70 codétenues dans une cellule de 80 mètres carrés, où elle ne disposait que d’un peu plus de 50 cm de largeur pour dormir – un espace bien en-deçà des normes internationales d’acceptabilité.
Le maintien prolongé et inutile en détention de cette ancienne institutrice dans des conditions si effroyables a eu des conséquences sur sa santé et, selon son avocat, elle est privée des soins médicaux dont elle a besoin. Les autorités empêchent en outre sa famille de lui rendre visite en détention.