Communiqué de presse

Conférence sur les PEID. Des menaces pèsent sur le bilan impressionnant des îles du Pacifique en matière de peine de mort

Le fait que certains États insulaires du Pacifique menacent de reprendre les exécutions ternirait la réputation d’une région dont le bilan en matière de peine de mort est quasiment parfait, a déclaré Amnesty International à la fin de la Conférence sur les petits États insulaires en développement (PEID) aux Samoa.

« La décision prise par des pays comme la Papouasie-Nouvelle-Guinée et Kiribati de réintroduire la peine capitale est profondément inquiétante dans une région au bilan presque parfait dans ce domaine depuis quelques années. Par exemple, au cours de l’année écoulée, pas une seule exécution n’a eu lieu et aucune condamnation à mort n’a été prononcée  », a déclaré Kate Schuetze, spécialiste du Pacifique à Amnesty International.

La conférence sur les PEID a convié 109 pays à débattre d’un ensemble de questions relatives au développement durable, et fourni une occasion d’échanger sur la peine capitale.

Selon l’évaluation annuelle effectuée par Amnesty International sur les exécutions dans le monde, la sous-région du Pacifique n’a procédé à aucune mise à mort et seuls quatre pays maintiennent ce châtiment.

Cependant, au cours de ce sommet, le 2 septembre 2014, l’État de Kiribati a fait part de son intention d’introduire la peine de mort dans le Code pénal. Il a ainsi emboîté le pas au gouvernement de Papouasie-Nouvelle-Guinée qui a mis en œuvre des modifications législatives en 2013 afin d’autoriser le rétablissement des exécutions par injection létale.

« Les gouvernements du Pacifique devraient être fiers de leur bilan en matière d’exécutions. La peine de mort est une violation pure et simple du droit à la vie. Elle n’est certainement pas la bonne réponse aux terribles homicides et violences ayant visé des femmes qui ont choqué la région ces dernières années. Absolument aucun élément tangible ne prouve que la peine capitale ait un effet particulièrement dissuasif sur la délinquance  », a déclaré Kate Schuetze.

« Au lieu de prendre des dispositions pour rétablir les exécutions, les autorités doivent se concentrer sur la lutte contre les causes profondes du crime. Les gouvernements de la région doivent se positionner clairement contre la peine de mort, et garantir qu’elle soit pleinement abolie en droit dans les quelques pays qui la maintiennent dans leur législation. »

Complément d’information

Nauru, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et les Tonga sont abolitionnistes en pratique, tandis que les îles Fidji ne maintiennent la peine de mort que pour les crimes militaires. Les 10 autres pays du Pacifique ont tous aboli la peine capitale pour tous les crimes.

La dernière exécution recensée dans la région du Pacifique a eu lieu en 1982 aux îles Tonga. Ces dernières années, à l’exception de huit condamnations signalées en Papouasie-Nouvelle-Guinée depuis 2009, Amnesty International n’a pas recensé d’exécution ni de condamnation dans un seul pays de la région du Pacifique.

Bien que la Papouasie-Nouvelle-Guinée n’ait jamais aboli officiellement ce châtiment, elle n’a procédé à aucune exécution depuis 1954. Cependant, en 2013, le gouvernement a introduit des mesures inquiétantes préparant le terrain pour la reprise des exécutions.

Adoptée le 28 mai 2013 en réponse à une série de meurtres particulièrement horribles qui avaient défrayé la chronique et dont avaient été victimes des femmes accusées de sorcellerie l’an dernier, une nouvelle loi a élargi le champ d’application de la peine capitale, qui peut désormais punir le vol et le viol avec circonstances aggravantes, même lorsque le crime n’a pas entraîné la mort de la victime. Les méthodes d’exécution ont également été élargies. Outre la pendaison, elles incluent désormais l’injection mortelle, l’électrocution, le peloton d’exécution et l’asphyxie.

Amnesty International exhorte tous les petits États insulaires en développement qui maintiennent la peine capitale à prendre immédiatement des mesures afin d’instaurer un moratoire sur les exécutions et d’abolir la peine de mort pour tous les crimes. L’organisation demande par ailleurs aux autorités des pays abolitionnistes de ne pas rétablir la peine de mort et de ratifier les traités internationaux et régionaux relatifs à son abolition, notamment le deuxième Protocole facultatif se rapportant au Pacte international relatif aux droits civils et politiques.

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