Consternante absence de réaction des autorités

Les failles de l’enquête au Honduras sur le meurtre d’une militante mettent en danger de nombreuses personnes.

Les nombreuses failles de l’enquête portant sur la mort, la semaine dernière, d’une dirigeante indigène de premier plan mettent en évidence l’absence totale de volonté du gouvernement hondurien de protéger les personnes qui défendent les droits humains au Honduras, a déclaré Amnesty International à l’issue d’une visite dans ce pays d’Amérique centrale.

Les autorités honduriennes ne font pas ce qu’elles disent. Elles nous ont annoncé être résolues à trouver les responsables de la mort de Berta Cáceres, mais elles n’ont pas respecté les lignes de conduite les plus fondamentales en matière d’enquête, notamment en ce qui concerne le fait que Berta Cáceres recevait depuis longtemps de graves menaces de mort liées à son travail de défense des droits humains, a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnesty International.

« Cette consternante absence de réaction revient dangereusement à faire savoir que n’importe qui peut tuer en toute impunité ceux qui osent affronter les membres les plus puissants de la société ; les autorités semblent disposées à échanger des vies contre de l’argent. »

« Le fait que le président hondurien Juan Orlando Hernández Alvarado refuse de rencontrer les proches de Berta Cáceres, d’autres défenseurs des droits humains et Amnesty International est totalement inexcusable. Le fait de fermer les yeux sur ces agissements a pour résultat de mettre gravement en danger la vie et la sécurité d’autres militants.  »

Berta Cáceres, dirigeante et cofondatrice du Conseil civique d’organisations indigènes et populaires du Honduras (COPINH), a été abattue le 3 mars à son domicile, dans la ville de La Esperanza (province d’Intibucá, dans l’ouest du Honduras). Elle a fait campagne pendant plusieurs années contre la construction du barrage d’Agua Zarca dans la communauté de Río Blanco.

Jusqu’à présent, seuls des membres du COPINH ont été appelés à témoigner. Le militant des droits humains Gustavo Castro, qui se trouvait avec Berta Cáceres quand elle a été tuée, n’a pas été autorisé à quitter le Honduras pour retourner dans son pays, le Mexique, même après qu’il eut donné son témoignage à plusieurs reprises et malgré les graves menaces pesant sur sa vie.

Aucune des personnes dont Berta Cáceres a signalé qu’elles se livraient de façon persistante à des manœuvres de harcèlement et à des actes d’intimidation, parmi lesquelles des représentants d’entreprises menant des activités dans cette région, n’a été appelée à témoigner.

Selon Global Witness, le Honduras est le pays le plus dangereux au monde pour les militants qui défendent les droits fonciers des peuples indigènes. Entre 2002 et 2014, 111 défenseurs des droits humains ont été tués en représailles pour leur travail, dont 12 pour la seule année 2014.

En mai 2015, le Honduras a adopté une nouvelle loi visant à protéger les défenseurs des droits humains et les journalistes. Cette loi a porté création d’un système national de protection, mais sa mise en œuvre est à ce jour nettement insuffisante. Selon des chiffres officiels, seuls six défenseurs des droits humains et quatre journalistes ont été pris en charge par ce mécanisme.

« Les actes sont plus éloquents que les discours. Ce n’est pas un programme qui ne bénéficie à presque personne qui va apporter une solution à la crise des droits humains au Honduras. Les autorités devraient plutôt veiller à ce que ceux qui ont tué Berta Cáceres soient déférés à la justice, et à ce que toutes les mesures nécessaires soient mises en place pour protéger les personnes qui défendent les droits humains à travers le pays  », a déclaré Erika Guevara-Rosas.

Une délégation d’Amnesty International s’est rendue au Honduras et a rencontré le ministre des Droits humains, de la Justice, de la Gouvernabilité et de la Décentralisation, ainsi que de hauts représentants des ministères de la Sécurité et des Relations extérieures et du bureau du procureur général. Elle a également rencontré des représentants de la société civile.

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