La nouvelle Constitution zimbabwéenne fournit l’occasion rêvée pour le pays de rompre avec la culture de l’impunité en ce qui concerne les violations des droits humains, a déclaré Amnesty International mercredi 22 mai.
Le président Robert Mugabe a promulgué une nouvelle Constitution le 22 mai, au terme d’un processus d’élaboration ayant duré trois ans, afin de remplacer la Constitution de Lancaster House adoptée à l’indépendance, en 1980.
« L’adoption de cette nouvelle Constitution est une évolution positive, susceptible d’aider les citoyens ordinaires à réaliser leurs droits fondamentaux », a indiqué Noel Kututwa, directeur adjoint du programme Afrique d’Amnesty International.
« Non seulement le monde observe avec attention pour voir si le pays a véritablement passé un cap en ce jour historique, mais en outre des millions de Zimbabwéens espèrent que cette nouvelle Constitution préfigurera un nouvel ordre politique, dans lequel les droits humains sont respectés et protégés. »
Le processus d’élaboration du texte a connu des retards à répétition et fait l’objet de polémiques, mais le référendum sur la nouvelle Constitution s’est déroulé relativement pacifiquement et a débouché sur un « oui » franc et massif.
En vertu de la nouvelle Constitution, des lois répressives ayant été invoquées afin de museler les opposants au gouvernement devraient être abrogées, ou tout du moins modifiées.
« On s’attend désormais à ce que les législateurs zimbabwéens mettent les textes en conformité, comme la Loi relative à l’ordre public et à la sécurité, qui a par le passé été utilisée pour priver des personnes de leurs droits civils et politiques », a précisé Noel Kututwa.
Les violations des droits humains au Zimbabwe se sont multipliées depuis le début de la crise politique qui a commencé en 2000 et contraint des millions de personnes à fuir le pays pour échapper aux persécutions politiques et aux difficultés économiques.
En 2008, des violences cautionnées par l’État lors du deuxième tour des élections présidentielles ont fait plus de 200 morts, tandis que des milliers d’autres personnes ont été torturées et blessées.
L’adoption d’une nouvelle Constitution devrait par ailleurs être suivie par l’élection d’un nouveau gouvernement, après les quelque quatre années passées au pouvoir par un gouvernement de coalition établi à la faveur d’un accord négocié par la Communauté de développement de l’Afrique australe.
« La prochaine élection au Zimbabwe sera l’occasion pour les autorités de faire la preuve de leur engagement vis-à-vis de la Déclaration des droits inscrite dans la nouvelle Constitution », a poursuivi Noel Kututwa.
« Le véritable révélateur sera la possibilité pour l’ensemble des partis politiques et des organisations de la société civile d’exercer leur droit à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. »
Ces derniers mois, la police a effectué des descentes dans les locaux de plusieurs organisations de la société civile connues au Zimbabwe, tandis que des défenseurs des droits humains ont été soumis à des arrestations arbitraires.
« Toute nouvelle attaque visant des défenseurs des droits humains ferait douter de la détermination du gouvernement à faire respecter la Déclaration des droits figurant dans la nouvelle Constitution », a ajouté Noel Kututwa.
« Les responsables de la police doivent accélérer le processus d’éducation aux droits humains, en commençant par les membres de la section de maintien de l’ordre de la police républicaine, qui a bien souvent restreint les libertés fondamentales. »
Amnesty International a également appelé le gouvernement à prévoir des financements suffisants pour la Commission zimbabwéenne des droits humains, et à exhorter le prochain Parlement à envisager sérieusement l’abolition totale de la peine de mort.
« La peine capitale est l’un des vestiges de l’époque coloniale qui continuent à hanter le Zimbabwe libre d’aujourd’hui », a conclu Noel Kututwa.