Corée du Sud. Des militants condamnés pour avoir aidé des victimes d’atteintes aux droits humains

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

24 janvier 2011

Amnesty International dénonce la condamnation de deux défenseurs sud-coréens des droits humains qui ont manifesté pacifiquement par solidarité avec les familles dont des proches sont morts lors de manifestations contre des expulsions forcées.

Park Rae-gun et Lee Jong-hoe ont été condamnés pour leur rôle dans une campagne réclamant que justice soit rendue et des réparations accordées aux familles des victimes mortes dans un incendie en janvier 2009 alors qu’elles manifestaient contre l’expulsion forcée de leur logement ou de leur entreprise dans le quartier de Yongsan, dans le centre de Séoul.

Park Rae-gun a été condamné à une peine de quatre ans de prison avec sursis et Lee Jong-hoe à une peine de trois ans avec sursis, pour avoir organisé une manifestation non autorisée par les services de police.


« Park Rae-gun et Lee Jong-hoe ont été déclarés coupables uniquement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique. Leurs sentences doivent être annulées »
, a déclaré Catherine Baber, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty international.

Park Rae-gun et Lee Jong-hoe, avec d’autres militants des droits humains, ont organisé une manifestation pour réclamer l’octroi de réparations aux familles des victimes de l’incendie de Yongsan.

Le 19 janvier 2009, des locataires dénonçant leur expulsion se sont barricadés dans une tour de guet qu’ils avaient érigée sur le toit d’un bâtiment voué à la démolition. Ils se sont munis de diluant pour peinture et d’autres matériaux inflammables afin de dissuader toute attaque des policiers.

Le lendemain à l’aube, des commandos de la police ont lancé une opération contre la tour de guet. Alors qu’ils investissaient le toit du bâtiment pour arrêter les manifestants, un incendie s’est déclaré qui a coûté la vie à cinq manifestants et un policier.

Park Rae-gun, Lee Jong-hoe et les autres militants ont réclamé des excuses officielles, une indemnisation adéquate et une enquête approfondie et impartiale sur ces événements. Ils ont informé la police selon les règles de leur intention de manifester, mais ont vu leur demande rejetée à cinq reprises, au motif que ces rassemblements risquaient d’être émaillés de violences.

La manifestation ayant été mise sur pied sans autorisation des services de police, Park Rae-gun et Lee Jong-hoe ont été accusés d’avoir « organisé une manifestation illégale » et « bloqué la circulation », lors même que la circulation n’a pas été interrompue pendant très longtemps, parfois seulement pendant une demi-heure.

« Au regard des vastes pouvoirs discrétionnaires accordés à la police concernant la possibilité d’interdire des manifestations, dans la pratique, un rassemblement ne peut avoir lieu sans autorisation de la police, a expliqué Catherine Baber. Ces pouvoirs sont utilisés pour réduire au silence les voix dissidentes. »

Des mandats d’arrêt ont été décernés contre Park Rae-gun et Lee Jong-hoe en mars 2009 et janvier 2010 respectivement. En 2009, Park Rae-gun a écrit au tribunal du district central de Séoul, affirmant qu’il ne se rendrait aux autorités que lorsque le gouvernement aurait satisfait aux demandes des familles en présentant des excuses officielles et en les indemnisant.

Le 30 décembre 2009, le Premier ministre a présenté des excuses et octroyé une indemnisation aux familles des victimes. Park Rae-gun et Lee Jong-hoe se sont rendus à la police le 11 janvier 2010.

En mars 2010, la Cour constitutionnelle de Corée du Sud a noté que l’obstruction des voies de circulation qui résulte inévitablement de rassemblements et manifestations pacifiques ne saurait être sanctionnée comme un « blocage de la circulation » en vertu du Code pénal.

« Le gouvernement sud-coréen doit veiller à ce que les droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique soient garantis dans la loi et en pratique », a conclu Catherine Baber.

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