La décision de la Cour constitutionnelle sud-coréenne de dissoudre un parti politique d’opposition pourrait avoir des conséquences très inquiétantes pour la liberté d’expression et d’association dans le pays, a déclaré Amnesty International.
La Cour constitutionnelle a conclu que le Parti progressiste unifié (PPU), accusé par le gouvernement de soutenir la Corée du Nord, avait bafoué les « règles démocratiques fondamentales ». La Cour a aussi privé de leur siège tous les législateurs issus de ce parti.
« L’interdiction de l’UPP soulève de graves questions quant à l’engagement des autorités envers la liberté d’expression et d’association », a déclaré Roseann Rife, directrice des recherches sur l’Asie orientale à Amnesty International.
« La dissolution d’un parti politique peut être lourde de conséquences ; c’est une décision qui ne doit pas être prise à la légère. »
La Cour constitutionnelle a examiné cette affaire à la demande du gouvernement. C’était la première fois qu’un gouvernement sud-coréen formulait une telle demande depuis la fin de la dictature en 1987. La dernière dissolution d’un parti politique remontait à 1958.
Cette décision survient dans un contexte marqué par un recours croissant, ces dernières années, à la Loi relative à la sécurité nationale – qui est formulée en termes vagues – et à d’autres lois pour réprimer les opposants et ceux qui sont accusés de soutenir la Corée du Nord.
« Le gouvernement utilise de plus en plus la sécurité nationale comme prétexte pour réprimer l’opposition politique et restreindre la liberté d’expression », a déclaré Roseann Rife.
La Cour suprême sud-coréenne devrait bientôt se prononcer sur l’appel formulé en dernier recours par sept membres de l’UPP reconnus coupables en 2014 d’« incitation à l’insurrection » et de violation de la Loi relative à la sécurité nationale.
« L’espace accordé à la liberté d’expression s’est beaucoup restreint ces dernières années. Les autorités utilisent la Loi relative à la sécurité nationale pour réprimer l’opposition et persécuter ceux qui n’ont pas les mêmes opinions politiques qu’elles », a déclaré Roseann Rife.
« Les préoccupations sur le plan de la sécurité ne doivent jamais être une excuse pour empêcher les gens d’exprimer des opinions politiques dissidentes. »