Corée du Sud, des policiers évitent la prison après avoir tué un manifestant

Le 5 juin, trois policiers sud-coréens ont échappé à une peine de prison alors qu’ils ont été reconnus coupables de manquement au devoir en lien avec la mort de Baek Nam-gi, un agriculteur mortellement blessé après avoir été touché par un canon à eau lors d’une manifestation en 2015.

Au regard des condamnations prononcées, il ne fait aucun doute qu’il faut modifier les lois en vue de mieux protéger la population des actions impitoyables de la police pouvant déboucher sur la mort de manifestants.

« La mort tragique et totalement évitable de Baek Nam-gi illustre le fait que les Sud-Coréens méritent des lois et un maintien de l’ordre qui garantissent pleinement leur droit de réunion pacifique, sans les exposer à des risques physiques inutiles  », a déclaré Arnold Fang, chercheur sur l’Asie de l’Est à Amnesty International.

Le 5 juin, le tribunal de district de Séoul a condamné Shin Yoon-gyoon, ancien chef du 4e bataillon antiémeutes de Séoul, à une amende de 10 millions de Wons sud-coréens (environ 8 000 euros). Les deux policiers qui ont manœuvré le camion équipé du canon à eau, Choi et Han, ont été condamnés à une amende de sept millions de Wons sud-coréens (environ 5 600 euros) et à une peine de huit mois de prison avec sursis.

Le tribunal a acquitté Goo Eun-soo, commandant qui supervisait les opérations de maintien de l’ordre lors des manifestations du 14 novembre 2015, du chef d’inculpation de manquement au devoir ayant conduit à la mort.

Lors de manifestations antigouvernementales à Séoul, le 14 novembre 2015, Baek Nam-gi, touché par un jet de canon à eau de la police, a perdu connaissance. Tombé dans le coma, il a fini par succomber à ses blessures à l’hôpital le 25 septembre 2016. Il avait 68 ans.

La façon dont les canons à eau étaient utilisés lorsque Baek Nam-gi a été blessé n’était pas conforme au droit international et aux normes internationales en matière de recours à la force et aux armes à feu par les forces de l’ordre, et bafouait les consignes de la police sud-coréenne pour manier ce type de matériel. Le canon à eau a été actionné trop près des manifestants, à une puissance trop forte et il a été placé de telle manière que Baek Nam-gi a été frappé à la tête.

Sur les images vidéos de l’événement, on voit Baek Nam-gi au sol, inconscient et gisant sans réaction après avoir été frappé directement à la tête. Les policiers manœuvrant le canon n’ont pas arrêté après qu’il soit tombé à terre. En effet, les images vidéos montrent qu’ils ont continué de diriger le canon à eau vers son corps inanimé tandis que des manifestants tentaient de l’évacuer.

Depuis, l’Agence de la police nationale coréenne a pris la décision d’adopter des mesures afin de mieux protéger le droit de réunion pacifique, comme le recommandait le Comité de réforme de la police du pays ; cependant, les changements proposés n’ont pas encore été promulgués.

«  Les policiers ne doivent jamais plus recourir à la force excessive à l’égard des manifestants. Les lois et règlements liés au maintien de l’ordre lors des manifestations doivent être modifiés afin d’être conformes au droit international et aux normes internationales dès que possible  », a déclaré Arnold Fang.

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