Côte d’Ivoire. La CEDEAO doit placer la protection des droits humains au cœur de son mandat de médiation

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

2 janvier 2011

À la veille du retour en Côte d’Ivoire, lundi 3 janvier 2011, des médiateurs désignés par la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Amnesty International lance un appel aux responsables de cette organisation sous-régionale pour qu’elle place le respect et la protection des droits humains au cœur de leurs efforts de sortie de crise.

« Des populations continuent de vivre dans la peur d’être abattues, arrêtées ou enlevées par des forces de sécurité ou des miliciens proches de Laurent Gbagbo, et la CEDEAO doit envoyer un signal fort indiquant que tout doit être fait pour assurer le respect et la protection des droits humains de chacun », a indiqué dimanche 2 janvier Erwin Van Der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.

Plus de 14 000 personnes ont déjà fui la Côte d’Ivoire pour trouver refuge dans les pays voisins, notamment au Libéria. Amnesty International a recueilli des informations faisant état d’exécutions extrajudiciaires, d’arrestations arbitraires, d’enlèvements et de disparitions forcées commises principalement par les forces de sécurité et les milices loyales à Laurent Gbagbo. Il est indispensable que ces atteintes graves aux droits humains fassent l’objet, sans délai, d’une enquête indépendante et impartiale.

Amnesty International est particulièrement inquiète des attaques et des entraves auxquelles ont fait face, ces derniers jours, les forces de maintien de la paix de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) alors que celles-ci tentaient d’enquêter sur des allégations graves de violations des droits humains.

Cela a notamment été le cas le 28 décembre 2010 lorsqu’une équipe de l’ONUCI a été empêchée par des éléments des forces de sécurité fidèles à Laurent Gbagbo de se rendre à N’Dotré, à la périphérie de la ville d’Abidjan où, selon certaines informations non vérifiées, des dizaines de cadavres auraient été enterrés.

Ce même jour, un convoi de l’ONUCI a été attaqué dans le quartier de Yopougon à Abidjan et un soldat bangladais a été blessé au bras avec une machette. Le lendemain, mercredi 29 décembre 2010, une autre patrouille de l’ONUCI a été prise à partie par des jeunes dans la commune d`Abobo, à Abidjan, et elle a essuyé des tirs d’armes à partir de certains bâtiments. Après avoir tiré des coups de sommations en l’air, cette patrouille a pu regagner son siège grâce à l’aide des éléments des forces de sécurité, loyales à Laurent Gbagbo.

« Les médiateurs de la CEDEAO doivent officiellement protester contre les attaques menées contre l’ONUCI et exiger que les forces de maintien de la paix puissent mener en toute sécurité leur mission de surveillance et de protection des droits humains qui a été confiée par le Conseil de sécurité de l’ONU », a déclaré Erwin Van Der Borght.

Lors d’une conférence de presse tenue à Abidjan, le 29 décembre 2010, le Secrétaire Général Adjoint chargé du Maintien de Paix de l’ONU, Alain Le Roy, a attribué les attaques menées contre les forces de maintien de la paix à « la "propagande" et [aux] "appels à la haine" véhiculés par la télévision d’État RTI.

Amnesty International exhorte la CEDEAO à rappeler fermement qu’aucun responsable politique ivoirien ne doit inciter à la perpétration de violations ou atteintes aux droits humains.

Les médiateurs de la CEDEAO doivent également rappeler que les auteurs des violations et atteintes graves aux droits humains commises depuis la proclamation des résultats de l’élection présidentielle pourraient être appelés à répondre de leurs actes devant la justice y compris devant la Cour pénale internationale (CPI).

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