CÔTE D’IVOIRE : Les réfugiés libériens en situation de danger imminent

Index AI : AFR 34/003/2003

Amnesty International lance un appel en faveur d’une action internationale urgente pour faire face à la crise tragique qui touche près de 40 000 réfugiés libériens en Côte d’Ivoire.

« Pris dans les violences qui secouent la Côte d’Ivoire depuis septembre dernier, les réfugiés libériens encourent le risque imminent d’être tués », a indiqué Amnesty International aujourd’hui (jeudi 20 février).

Les Libériens ayant fui le conflit armé interne qui ravage leur propre pays forment la plus importante communauté de réfugiés en Côte d’Ivoire. Ils sont maintenant en danger de mort dans le pays où ils avaient trouvé refuge.

« Les réfugiés libériens sans discrimination sont associés à l’opposition armée en Côte d’Ivoire, a affirmé Amnesty International. Ils sont victimes d’homicides perpétrés par les forces de sécurité ivoiriennes et des groupes de civils, dont certains sont armés par le gouvernement. »

Soulignant leur très grande vulnérabilité, le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) tente de trouver des solutions viables pour les protéger. Il a demandé aux autres pays d’Afrique de l’Ouest de les accueillir et au gouvernement ivoirien de faciliter leur déplacement vers des zones moins hostiles du pays et d’assurer leur sécurité. Ces demandes répétées sont toutefois restées sans réponse.

S’ils retournaient au Libéria, nombre de Libériens réfugiés en Côte d’Ivoire, notamment les membres des ethnies khran et mandingue, seraient de nouveau exposés à la mort, à la torture et autres mauvais traitements infligés par les forces de sécurité. Le conflit s’y est récemment intensifié et a gagné des zones précédemment épargnées par les combats. Malgré les dangers d’un retour au pays, on estime que 43 000 Libériens se sont trouvés dans l’obligation de rentrer, vers un avenir incertain.

Le sort peu enviable de ceux qui se trouvent toujours en Côte d’Ivoire continue de se dégrader jour après jour, au vu de la généralisation du sentiment anti-Libérien. Il résulte en grande partie du présupposé selon lequel les Libériens constituent une force de déstabilisation et soutiennent l’opposition armée ivoirienne, que des combattants libériens ont rejointe en traversant la frontière. Cependant, les réfugiés libériens en Côte d’Ivoire sont également en butte au harcèlement des groupes armés d’opposition.
« Les autorités ivoiriennes doivent prendre sans délai des mesures pour mettre un terme aux attaques visant les réfugiés libériens et coopérer pleinement avec le HCR afin de les déplacer vers des zones plus sûres », a déclaré Amnesty International.

Par ailleurs, l’organisation de défense des droits humains exhorte la communauté internationale à allouer de toute urgence des fonds supplémentaires au HCR, afin qu’il soit en mesure de protéger les réfugiés libériens en Côte d’Ivoire.

« Il appartient à la communauté internationale dans son ensemble d’assurer leur protection et d’aider les autres pays d’Afrique de l’Ouest, dont certains accueillent déjà un grand nombre de réfugiés, à faire face à un nouvel afflux.

« Les pays de la région ne doivent pas fermer leurs frontières, afin que les réfugiés libériens se trouvant en danger immédiat en Côte d’Ivoire soient autorisés à les franchir sans restriction », a ajouté Amnesty International.
Des lieux de réinstallation sûrs devraient être mis en place dans des pays tiers afin d’accueillir les groupes considérés comme particulièrement vulnérables, notamment les réfugiés libériens, qui n’ont aucune autre perspective de solution durable.

Les Nations unies ont conféré aux forces françaises déployées en Côte d’Ivoire, ainsi qu’à celles de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), un mandat spécifiquement centré sur la protection de la population civile. La résolution 1464 (2003) du Conseil de sécurité, adoptée le 4 février 2003, les a autorisées à prendre les mesures nécessaires « pour assurer […] la protection des civils immédiatement menacés de violences physiques à l’intérieur de leurs zones d’opérations et en fonction de leurs moyens. »

Amnesty International a conclu : « Les troupes envoyées en Côte d’ivoire par la France et les autres pays d’Afrique de l’Ouest doivent exécuter énergiquement leur mandat afin de protéger la population civile, notamment les réfugiés libériens particulièrement exposés. »

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