Côte d’Ivoire. Risque de « désastre des droits humains » alors que des forces armées atteignent Abidjan

COMMUNIQUÉ DE PRESSE

31 mars 2011

Les populations civiles en Côte d’Ivoire sont exposées à un risque de violations massives de droits humains, a averti Amnesty International jeudi 31 mars, alors que les forces loyales à Alassane Ouattara atteignent Abidjan, la capitale commerciale du pays.

« Abidjan est au bord d’un désastre des droits humains et d’un chaos total » a déclaré Salvatore Saguès, chercheur sur l’Afrique de l’Ouest à Amnesty International.

« La Côte d’Ivoire fait face à une crise humanitaire majeure. Les parties au conflit doivent immédiatement cesser de prendre pour cible la population civile. La communauté internationale doit prendre immédiatement des mesures afin de protéger la population civile ».

Depuis le début de la semaine, les Forces Républicaines loyales à Alassane Ouattara, le président internationalement reconnu, ont lancé une offensive générale contre les forces loyales au président sortant Laurent Gbagbo, qui a refusé de céder le pouvoir.

Alors que les Forces Républicaines avancent dans l’ouest et le centre du pays, les violences se sont intensifiées.

La situation s’est récemment aggravée dans la ville de Guiglo, à 600 km à l’ouest d’Abidjan, où des sources ont indiqué à Amnesty International que des éléments armés incontrôlés loyaux à Laurent Gbagbo, et notamment des mercenaires libériens, ont brûlé et pillé des maisons et ont tué et blessé plusieurs civils hier.

« L’intensification du conflit, et le fait que les parties aux conflits s’appuient sans cesse davantage sur des mercenaires et des recrues sans formation entraîne un risque très grand de violations massives des droits humains dans les jours à venir alors que les Forces Républicaines avancent vers Abidjan ».

Le 19 mars, le ministre de la Jeunesse de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé, a appelé les membres du mouvement des Jeunes Patriotes à se porter volontaires comme miliciens pour « libérer » le pays. Les Jeunes Patriotes ont annoncé qu’ils avaient recruté 20 000 combattants.

Amnesty International a également reçu des informations faisant état de représailles commises contre des civils par les deux parties au conflit dans la ville de Duékoué dans l’ouest de pays.

Des sources locales ont dit à la délégation d’Amnesty International, qui se trouve actuellement en Côte d’Ivoire, que des cadavres jonchaient les rues de Duékoué, et que des dizaines de milliers de civils qui avaient trouvé refuge dans la Mission Catholique de la ville se trouvaient sans nourriture, sans eau, sans services d’assainissement et sans soins médicaux.

Le 29 mars, les Forces Républicaines ont tué Jean Louana, le directeur de campagne de l’une des actuelles ministres nommées par Laurent Gbagbo. Ils ont également abattu un pasteur d’une église évangélique ainsi que huit autres fidèles de cette église.

Deux autres civils, un imam (responsable religieux musulman) et une personne de nationalité burkinabé, ont été tués le 28 mars, par des miliciens loyaux à Laurent Gbagbo lors des combats pour le contrôle de Duékoué.

Amnesty International appelle les deux parties au conflit à respecter strictement le droit humanitaire international et à prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils.

Les violences ont repris en Côte d’Ivoire à la suite de l’élection présidentielle contestée de novembre 2010.

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