Un ancien diplomate saoudien qui devait être expulsé du Qatar vers son pays d’origine a pu se rendre au Maroc après avoir reçu le soutien de la Commission qatarienne des droits humains, a déclaré Amnesty International.
Mishal bin Zaar Hamad al Mutiry, 50 ans, et sa famille se trouvent désormais au Maroc ; ils ont quitté le Qatar vendredi 18 janvier.
Les autorités qatariennes ont suspendu son expulsion vers l’Arabie saoudite à la suite de pressions exercées notamment par Amnesty International, et d’efforts déployés par la Commission qatarienne des droits humains, qui est intervenue pour aider à financer le trajet de la famille al Mutiry vers le Maroc.
« Du fait de l’attention suscitée par ce cas, l’expulsion de Mishal al Mutiry envisagée par les autorités qatariennes a été suspendue suffisamment longtemps pour que cet homme et sa famille quittent le pays de leur propre chef, et l’aide de la Commission qatarienne des droits humains a été déterminante dans l’organisation de leur voyage », a expliqué Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
« Compte tenu du risque réel de torture que courait Mishal al Mutiry en Arabie saoudite, c’est très rassurant que les autorités ne l’aient finalement pas forcé à y retourner. »
Jusqu’à son départ pour le Maroc, Mishal al Mutiry vivait au Qatar depuis août 2011, après avoir fui son pays natal, l’Arabie saoudite.
Ce mois-ci, la police qatarienne a convoqué Mishal al Mutiry à deux reprises afin de l’informer de l’imminence de son renvoi forcé en Arabie saoudite, conformément aux requêtes des autorités saoudiennes.
Pour Amnesty International, il existe un vrai risque que cet ancien diplomate soit soumis à une détention arbitraire ou à la torture s’il retourne en Arabie saoudite.
Ces craintes sont à mettre sur le compte de mauvais traitements qu’il a subis à Riyadh, la capitale, et de l’intolérance des autorités saoudiennes face à la critique.
En 2006, l’ancien diplomate a dit avoir été détenu pendant six mois et torturé, après que des officiers travaillant semble-t-il pour les autorités saoudiennes aient retrouvé sa trace et l’aient forcé à monter à bord d’un avion à destination de Riyadh depuis Bruxelles.
À l’époque, Mishal al Mutiry vivait aux Pays-Bas, pays qui lui avait accordé l’asile politique en 2004. Il craignait des représailles de la part des autorités saoudiennes, qui l’avaient démis de ses fonctions à l’ambassade saoudienne à La Haye après qu’il ait déclaré que l’ambassade participait au financement d’activités terroristes.
« Nous continuerons à suivre sa situation de près et réagirons s’il risque de nouveau d’être expulsé vers l’Arabie saoudite », a ajouté Philip Luther.