Pakistan, les crimes d’honneur et une impunité inacceptable

Les autorités pakistanaises doivent mettre fin à l’impunité des meurtres dits « crimes d’honneur » et des autres violences commises contre des femmes. « Le meurtre de Qandeel Baloch, qui a été tuée par son frère, a souligné la nécessité de prendre d’urgence des mesures pour protéger les femmes et les hommes contre les crimes prétendument commis dans le but de défendre l’honneur de la famille. »

Amnesty International se félicite de la décision des autorités du Pendjab d’enregistrer le meurtre de Qandeel Baloch en tant que crime contre l’État, et de refuser aux parents le droit d’accorder la grâce à leur fils.

« Cela doit devenir la règle et non une exception. Le Pakistan doit entreprendre des réformes structurelles pour mettre fin à l’impunité des meurtres dits "d’honneur", notamment en adoptant une loi supprimant la possibilité de gracier les auteurs de tels meurtres et en ne recourant pas à la peine de mort pour les châtier », a déclaré Champa Patel.

Le frère de Qandeel Baloch a avoué avoir tué sa sœur en l’étranglant pendant son sommeil le 15 juillet. Cette nouvelle a soulevé une vague d’indignation à travers le monde.

Aux termes de la législation actuelle du Pakistan, la famille de la victime d’un meurtre a la possibilité de gracier l’auteur de ce meurtre, notamment en échange du versement d’une indemnité appelée diya (« prix du sang »). En cas de meurtre dit « d’honneur », quand le responsable du crime est un membre de la famille de la victime, il peut être gracié par sa propre famille et échapper ainsi à l’emprisonnement ou à tout autre châtiment.

« En s’abstenant de soumettre les auteurs de meurtres dits "d’honneur" à l’obligation de rendre des comptes, le Pakistan s’est soustrait à ses obligations à l’égard des victimes et a laissé s’installer un climat d’impunité. Cela expose des milliers de personnes – principalement des femmes et des jeunes filles – appartenant à toutes les couches de la société et dans tout le pays au risque de devenir victimes de tels crimes », a déclaré Champa Patel.

Dans son dernier rapport annuel, la Commission des droits humains du Pakistan a indiqué que près de 1 100 femmes ont été tuées au Pakistan l’an dernier par des membres de leur famille pour des raisons dites « d’honneur ». En 2014, ce chiffre était de 1 000, et en 2013, de 869.

Aux termes du droit international, la culture, les coutumes, la religion, la tradition et l’« honneur » ne peuvent en aucun cas servir de justification pour quelque acte de violence que ce soit commis contre des femmes.

«  L’honneur n’a rien à voir avec le fait de tuer une femme, quelles que soient les circonstances. L’État doit respecter et protéger les droits des femmes à la vie, à l’égalité de traitement et à la dignité afin qu’elles puissent prendre leurs propres décisions concernant leur vie sans avoir à craindre des représailles ou des violences  », a déclaré Champa Patel.

Complément d’information

Le Parlement pakistanais examine actuellement un projet de loi qui, en cas d’adoption, aboutirait à la suppression de la possibilité d’accorder la grâce pour les crimes « d’honneur ». Amnesty International demande la fin de l’impunité pour de tels crimes, mais elle s’oppose à ce que la peine de mort puisse être utilisée pour châtier les auteurs de tels actes.

Amnesty International s’oppose en toutes circonstances et sans aucune exception à la peine de mort, quelles que soient la nature et les circonstances du crime commis, la culpabilité ou l’innocence ou toute autre situation du condamné, ou la méthode utilisée pour procéder à l’exécution.

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