CUBA. La campagne de harcèlement menée contre la mère d’un gréviste de la faim décédé doit cesser

ÉFAI - 17 août 2010

Index AI : PRE01/282/2010

Les autorités cubaines doivent faire le nécessaire pour mettre fin au harcèlement exercé contre la mère d’un prisonnier d’opinion mort des suites de la grève de la faim qu’il avait menée pour obtenir la libération d’autres détenus, a indiqué Amnesty International le 17 août.

Reina Luisa Tamayo, dont le fils, Orlando Zapata Tamayo, est mort en février, a dit à Amnesty International qu’elle a été harcelée à plusieurs reprises par les autorités et par des sympathisants du gouvernement au cours des marches qu’elle a menées dans la ville de Banes en mémoire de son fils.

« Reina Luisa Tamayo ne fait que rendre hommage à son fils qui est mort dans des circonstances tragiques, et les autorités doivent respecter cette démarche », a déclaré Kerrie Howard, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International.

Chaque dimanche, Reina Luisa Tamayo, qui est souvent accompagnée par des proches et des amis, se rend à pied depuis chez elle à l’église Nuestra Señora de la Caridad, où elle assiste à la messe, et elle marche ensuite jusqu’au cimetière où son fils Orlando est enterré.

Dimanche 15 août, des sympathisants du gouvernement arrivés tôt dans la matinée ont encerclé la maison de Reina Luisa Tamayo ; celle-ci a dit à Amnesty International que cette manœuvre était destinée à les empêcher, elle, ses proches et ses amis, de défiler et d’aller assister à la messe à l’église.

Les forces de sécurité cubaines auraient par ailleurs arrêté à leur domicile, jusqu’à 24 heures à l’avance, des femmes qui devaient participer au défilé, sans expliquer les raisons de cette mesure.

Reina Luisa a expliqué à Amnesty International que six haut-parleurs avaient été installés près de sa maison et qu’ils étaient utilisés pour crier des slogans contre elle et contre les Femmes en blanc, une organisation regroupant des parentes de prisonniers d’opinion réclamant la libération de ces derniers.

Le 8 août, Reina Luisa Tamayo a dû faire face à des sympathisants du gouvernement qui lui ont bloqué la route et qui, selon son récit, ont frappé des amis et des proches qui l’accompagnaient. Elle a ajouté qu’une patrouille de policiers garés à proximité avaient assisté à la scène sans intervenir.

Amnesty International s’est également dite préoccupée par une récente série d’arrestations de journalistes indépendants et de dissidents opérées par la police.

L’écrivain Luis Felipe Rojas Rozabal a été arrêté par la police lundi à sept heures du matin à son domicile dans la ville de San Germán, dans la province de Holguín.

Sa famille ignore pourquoi il a été arrêté mais elle pense que cela pourrait être lié au fait qu’il a critiqué le gouvernement. Il a plusieurs fois par le passé été arrêté de manière arbitraire dans des circonstances similaires.

Plusieurs membres de l’Alliance démocratique orientale, un réseau d’organisations politiques dissidentes, ont également été arrêtés.

« Alors que le gouvernement cubain a commencé à libérer des prisonniers d’opinion, la campagne de harcèlement contre Reina Luisa Tamayo et les arrestations arbitraires de journalistes et de dissidents montrent que les autorités ont encore de considérables progrès à faire en ce qui concerne la situation des droits humains », a souligné Kerrie Howard.

Informations complémentaires

Orlando Zapata Tamayo a été arrêté en mars 2003 et condamné un an après à trois ans de prison pour « irrespect », « trouble à l’ordre public » et « rébellion ». Cette sentence a marqué le début d’une série de condamnations pour « désobéissance » et « atteinte à la tranquillité d’un établissement pénitentiaire ».

Orlando Zapata Tamayo compte parmi les nombreux prisonniers d’opinion qui ont été adoptés par Amnesty International à Cuba à l’époque. La plupart d’entre eux font partie des 75 personnes arrêtées dans le cadre de la répression massive menée par les autorités contre les militants politiques en mars 2003.

Début décembre 2009, Orlando Zapata Tamayo a entamé une grève de la faim pour obtenir la libération des prisonniers d’opinion à Cuba. Il est mort le 23 février 2010.

On dénombre actuellement au moins trente prisonniers d’opinion dans les prisons cubaines. Amnesty International demande leur libération immédiate et sans condition.

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit