Communiqué de presse

Darfour : des membres des forces gouvernementales sont impliqués dans des attaques en relation avec une mine d’or

Les informations indiquant que des membres des forces de sécurité soudanaises ont pris part à des attaques ayant fait près de 200 morts près d’une mine d’or dans le Darfour au mois de janvier doivent donner lieu de toute urgence à des enquêtes, a déclaré Amnesty International mercredi 30 janvier.

Des affrontements ont éclaté le 5 janvier entre des membres des Beni Hussein, une tribu arabe locale, et de la minorité pastorale des Rizeigat, lorsqu’un dirigeant rizeigat, par ailleurs membre de la police des frontières, a semble-t-il revendiqué la propriété d’une zone aurifère située sur le territoire des Beni Hussein.

Des hommes armés conduisant des véhicules gouvernementaux auraient ouvert le feu sur plusieurs personnes dans la zone de Kebkabiya, où vivent principalement des Beni Hussein, utilisant des grenades et de lourdes mitraillettes. Si beaucoup de résidents locaux possèdent des fusils automatiques, les armes plus lourdes du type de celles employées lors de ces attaques ne sont généralement pas à la disposition des civils.

« Le gouvernement soudanais doit immédiatement enquêter sur les informations faisant état de l’implication de membres des forces de sécurité dans des attaques visant des civils, et veiller à ce qu’ils ne prennent part à aucune autre agression »
, a recommandé Audrey Gaughran, directrice du programme Afrique d’Amnesty International.

Des résidents de Kebkabiya ont formellement identifié plusieurs membres de la Brigade du renseignement des frontières (garde-frontières) parmi les instigateurs de ces violences. Les garde-frontières relèvent des services du renseignement soudanais.

D’autres villages ont également été attaqués par des hommes appartenant à la tribu des Rizeigats et par des garde-frontières. Un témoin a dit à Amnesty International que 53 résidents de son village de Martam Bay avaient été tués, très tôt le 9 janvier. Il a déclaré que l’attaque avait été menée par un groupe d’hommes armés venus à bord de huit véhicules, parmi lesquels figuraient des garde-frontières dont il a fourni le nom.

Ces événements surviennent alors que le gouvernement essaie de renforcer son contrôle sur la délivrance des permis d’extraction d’or et l’exportation de ce métal, dans un contexte de crise budgétaire, d’épuisement des réserves de devises et de généralisation du trafic d’or.

Des membres des Beni Hussein contrôlent l’octroi des permis d’exploitation minière artisanale dans cette zone depuis que des gisements aurifères y ont été découverts en mars 2012.

Bien qu’une trêve ait été signée sous l’égide du gouvernement entre les deux communautés le 17 janvier, il semble que les attaques continuent et que la tension dans ces zones ne soit pas retombée. Selon certaines informations, les 22 et 23 janvier, des miliciens faisant partie des garde-frontières ont attaqué des habitants des villages d’Um-Girio, de Midasheech, de Dileeba, Mora et d’Um-Dirasaya, détruisant des biens privés par la même occasion.

Tout au long du mois de janvier, des miliciens ont bloqué des routes dans la région, ce qui a entraîné une pénurie de denrées alimentaires de base, s’étant semble-t-il soldée par la mort d’enfants et de personnes âgées vulnérables.

« Les allégations selon lesquelles des garde-frontières se rendent coupables d’homicides illégaux et d’autres violations en relation avec le contrôle des ressources aurifères sont extrêmement graves. Compte tenu de la persistance des tensions sur place, il existe un vrai risque que de nouveaux affrontements aient lieu », a ajouté Audrey Gaughran.

Le 12 décembre, la Banque centrale soudanaise a interdit les exportations d’or brut en prévision de la création d’une bourse des métaux précieux.

Kamal Abdullatif, ministre des Mines, s’est rendu dans la région de Kebkabiya fin décembre 2012. À cette occasion, Sudan Vision, un site Internet contrôlé par le gouvernement, a indiqué que le «  gouvernement du Darfour du Nord […] a organisé une réunion en présence de la commission de la sécurité, dans le but d’élaborer un plan méticuleux visant à garantir que l’intégralité de l’or extrait soit envoyée à la Banque centrale soudanaise. »

Toutes les infos
Toutes les actions
2024 - Amnesty International Belgique N° BCE 0418 308 144 - Crédits - Charte vie privée
Made by Spade + Nursit